Soudan: manifestations après la fin des subventions sur les carburants

Le Soudan a mis fin mardi à ses subventions sur les carburants dans le cadre de réformes économiques soutenues par le Fonds monétaire international (FMI), doublant les prix sur fond de crise économique profonde.La décision a quasiment fait doubler le prix du litre d'essence, passé de 150 à 290 livres soudanaises (0,3 à 0,56 euros). Le prix du litre de diesel a, lui, augmenté de près de 128%, passant de 125 à 285 livres soudanaises."Cette mesure montre que les autorités ne se préoccupent pas des gens et de leurs souffrances", a écrit sur Facebook l'Association des professionnels soudanais, acteur majeur du soulèvement populaire anti-Béchir."Nous appelons les manifestants à prendre les rues maintenant et chaque jour jusqu'à ce que ces décisions injustes soient annulées", poursuit l'association.En octobre, les prix avaient déjà doublé. Et plusieurs manifestations contre la vie chère ont eu lieu au cours de l'année passée.Répondant aux exigences du FMI, le gouvernement soudanais, qui dépensait environ un milliard de dollars pour ces aides chaque année, a pris cette mesure pour se concentrer sur le rétablissement de l'économie.Depuis la chute de l'ancien président Omar el-Béchir en 2019 sous la pression de la rue, après 30 ans d'un règne marqué par des conflits armés et de lourdes sanctions internationales, le Soudan traverse une crise économique profonde.Dans la file d'attente d'une station services à Khartoum, plusieurs clients ont exprimé leur désaccord avec la décision gouvernementale."Les dernières hausses de prix sont franchement mal pensées", a dit à l'AFP Adam Ibrahim, qui travaille dans l'import-export.Haroun Mohamed, un autre Soudanais a renchéri: "nous vivons dans une réalité très amère. Les prix de tout vont augmenter sur le marché". Le gouvernement a appelé les Soudanais à "supporter" les mesures d'austérité."Ces politiques servent les intérêts des Soudanais et de l'économie soudanaise", a dit le ministre des Finances Gibril Ibrahim à la presse.La crise économique a été le déclencheur des manifestations de masse qui ont mené à la chute de M. Béchir en avril 2019.Le gouvernement de transition s'est engagé depuis deux ans à rétablir l'économie du pays, minée par un manque constant de devises et une inflation qui a dépassé les 360% en avril.