Présidentielle en Zambie: derniers discours, dernière ligne droite

Infos. Les deux principaux candidats à l'élection présidentielle en Zambie, pays enclavé d'Afrique australe riche en cuivre mais à l'économie plombée, ont bouclé mercredi leur campagne dans la capitale Lusaka, à la veille d'un scrutin qui s'annonce serré. 

Présidentielle en Zambie: derniers discours, dernière ligne droite

Face au président sortant Edgar Lungu, le principal opposant, Hakainde Hichilema ou "HH" comme il est surnommé, a appelé les sept millions d'électeurs à "changer le gouvernement" pour "sortir de cette économie effondrée".

Affichant une confiance décontractée, en costume bleu impeccable et chemise col ouvert, l'homme d'affaires aux sourcils broussailleux a déclaré: "Laissons le peuple zambien décider qui le dirigera", appelant la commission électorale à garantir un scrutin "libre et équitable".

L'homme politique de 59 ans, dont le discours était radiodiffusé depuis sa maison coquette de la capitale, affronte M. Lungu, 64 ans, pour la troisième fois. 

En tout, ils seront seize candidats.Mais le scrutin se resserre sur ce duel entre le sortant et son rival de toujours. 

Tout juste rentré de déplacements à travers le pays, le premier du continent à faire défaut sur sa dette fin 2020, "HH" a promis que bientôt "nous pourrons nous atteler à redresser l'économie"."Vous méritez mieux, vous avez assez souffert", a-t-il ajouté. 

M. Lungu est arrivé dans l'après-midi dans un centre de conférences pour son dernier discours, dans un convoi de SUV noires escorté par soldats et policiers. 

En simple polo et écharpe vert vif, couleur de son parti, il s'en est pris à son adversaire, l'accusant, sans le nommer, de "menacer la paix, honte à lui". 

"Il y a un gouvernement en place jusqu'à ce que je remette le pouvoir à la personne qui gagne, et ce sera moi", a-t-il déclaré."En 2016 j'ai gagné.Et en 2021 je gagnerai."

Militants de tous bords, poings levés, ont continué à sillonner les quartiers en convois festifs et musicaux, distribuant pagnes et T-shirts de campagne.Les taxis collectifs ont klaxonné à tout-va, leurs passagers réjouis, penchés par la fenêtre, agitant des drapeaux.

- "Assurer des élections paisibles" -

La campagne du président a insisté sur le développement du pays et sa volonté de conserver les richesses des mines de cuivre. 

"Il a construit tellement de routes, d'hôpitaux, d'écoles", énumère Kanguma Horeb, 36 ans, en casquette et sweat à capuche à l'effigie de son héros.

L'opposition, elle, a ciblé les townships, banlieues pauvres où l'inflation et la déception sur les promesses économiques du sortant sont terreau favorable. "Gagner sa vie est devenu une galère", souffle à l'AFP Teddy Kandundu, 27 ans, à Matero."Nos salaires sont peu pour vivre". 

Chômage et pauvreté ont érodé le soutien à Lungu, accusé d'avoir emprunté de manière insoutenable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer des projets d'infrastructure tape-à-l'œil alors que le coût de la vie montait en flèche. 

Lungu, dont le sourire aux dents du bonheur s'affiche partout en ville, avait battu "HH" d'à peine plus de 100.000 voix en 2016. 

Cette fois, les résultats devraient être connus d'ici dimanche.Et la commission électorale promet un scrutin "crédible".

Des violences sporadiques ont opposé militants des deux camps, incitant le président à déployer l'armée la semaine dernière.

Hichilema a appelé les militaires à "assurer des élections paisibles" sans "aider un parti politique en particulier". 

L'un de ses porte-parole, Anthony Bwalya, avait affirmé à l'AFP que "le régime en place ne reculera devant rien pour manipuler le vote".

Le PF a démenti toute tentative de fraude ou d'intimidation. 

"Nous n'attendons aucune forme de violence" mais plutôt que "les perdants de l'opposition soient assez magnanimes, assez patriotes pour accepter la défaite", prédit son porte-parole Antonio Mwanza. 

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