Au petit matin, des centaines de personnes ont formé des files d'attente impressionnantes devant les bureaux de vote.Dans le township de Matero, des impatients pressent un policier pour entrer dans la cour de l'école déposer leurs bulletins les premiers, a constaté l'AFP.
Andrew Daka, 20 ans, qui vote pour la première fois, veut du "changement": "on ne peut plus continuer comme ça", souffle-t-il.
Plus loin, dans ce bureau d'un quartier modeste du sud de Lusaka, le président Lungu, veste en cuir et dents du bonheur, dépasse tout le monde d'une tête. "Les Zambiens sont prêts à voter et ils sont nombreux", dit-ilà sa sortie, acclamé par des partisans poings en l'air."On va gagner!".
A la mi-journée, dans le quartier populaire de Mtendere, 200 électeurs prennent leur mal en patience, papotant dans la queue ou achetant une glace à un vendeur apparu opportunément.Musique à fond, tavernes servant des bières et circulation dense...Pas de tension d'ans l'air.
Thomas Wandu, mineur de 41 ans, va voter Lungu.Avec un copain, ils se relaient dans la file d'attente depuis 5h00 du matin."Sous terre, ça ne se passe comme ça devrait", confie-t-il à l'AFP, "les patrons (chinois) ne respectent pas leurs engagements de salaires".
Les deux principaux prétendants ont sillonné le pays enclavé d'Afrique australe, riche en cuivre, en dépit d'une campagne limitée par les restrictions liées au coronavirus.
Quatorze autres candidats sont en lice mais la course se joue essentiellement entre MM.Lungu, 64 ans, et Hichilema, 59 ans, richissime homme d'affaires autodidacte qui se présente pour la sixième fois.
La hausse du coût de la vie a érodé la base de soutien du président sortant, selon les sondages, et l'élection pourrait être plus serrée qu'en 2016, quand Hichilema, surnommé "HH", avait perdu d'un peu plus de 100.000 voix.
- Résultats d'ici dimanche -
M. Lungu, avocat de formation, est critiqué pour avoir emprunté de façon déraisonnable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer une frénésie de projets d'infrastructure.
L'inflation a grimpé à plus de 20% sous sa présidence et fin 2020, la Zambie a été le premier pays africain à se trouver en défaut de paiement depuis l'apparition du coronavirus.
Des violences sporadiques ont éclaté à l'approche du vote entre partisans du Front patriotique (PF) au pouvoir et ceux du Parti uni pour le développement national (UPND) de "HH", poussant M. Lungu à déployer l'armée.
L'opposition a dénoncé cette mesure sans précédent, la qualifiant de tactique d'intimidation, ce que le PF dément.
Le président s'est montré aussi de plus en plus autoritaire face à toute opposition depuis son arrivée au pouvoir en 2015, faisant craindre des tensions en cas de contestation des résultats, qui devraient être connus d'ici dimanche soir.
Sept millions d'électeurs voivent élire, outre le président, leurs parlementaires et maires. Les bureaux ferment à 18H00 (16H00 GMT).
Le gagnant doit obtenir plus de 50% des voix pour éviter un second tour, ce que les observateurs jugent peu probable.
"Laissons le peuple zambien décider qui le dirigera", avait déclaré "HH" à la veille du vote, réitérant ses promesses de redresser l'économie et appelant la commission électorale à garantir un scrutin "libre et équitable".
Edgar Lungu s'est dit certain d'obtenir 500.000 voix de plus que son rival car "les gens me connaissent maintenant".
L'opposition a accusé le gouvernement de chercher à entraver la campagne de M. Hichilema, ce que le PF a démenti avec véhémence.
Le gouvernement a menacé de bloquer internet si certains "colportent des fausses informations pouvant déstabiliser" l'élection.
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