Est-ce le premier conflit de l'ère de l'immédiat et de Twitter?La riposte internationale à Kadhafi en Libye est venue très vite, à l'image des révoltes arabes qui se succèdent depuis janvier.
Il n'a fallu que 32 jours, du 15 février au 19 mars, pour imposer un embargo sur les armes, décider de sanctions financières, bâtir un consensus loin d'être gagné d'avance à l'ONU, et lancer des frappes militaires.
Une semaine plus tard, les 28 pays membres de l'Otan ont abouti pendant le week-end à un consensus pour que l'Alliance atlantique pilote l'ensemble de l'opération.
"En tout juste un mois, les Etats-Unis et leurs partenaires internationaux ont mobilisé une large coalition, obtenu un mandat international pour protéger les civils, arrêté une armée en marche, empêché un massacre, établi une zone d'exclusion aérienne", a souligné le président américain Barack Obama lundi soir.
Le précédent exemple de consensus international relativement rapide pour agir dans une crise majeure a été la première guerre du Golfe, il y a 20 ans.
Cinq mois et demi s'étaient écoulés entre l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hussein, le 2 août 1990, et le début de l'opération Tempête du désert sous l'égide de l'ONU.
L'intervention en Libye a donc battu une sorte de record de vitesse, à comparer aux années de tergiversations face aux meurtres de masse en Sierra Leone ou en ex-Yougoslavie, et à l'inaction du monde pendant que se perpétraient, entre autres, le génocide rwandais et les massacres du Darfour.
L'absence de volonté politique avait été montrée du doigt dans ces tragédies.Et selon les spécialistes interrogés par l'AFP, c'est la conjonction de plusieurs volontés politiques qui a fait en partie la différence ces dernières semaines.
La France et le Royaume-Uni ont poussé les premières et le plus fort, "conscientes qu'une catastrophe épouvantable pouvait se produire aux portes de l'Europe", rappelle Stephen Flanagan, du Centre des études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington.
Paris a aussi pris en compte le risque d'un afflux de réfugiés, perçu comme "une menace tangible pour les intérêts et la sécurité de la France", note Bilal Saab, de l'institut Brookings.
Le lâchage de Mouammar Kadhafi par la Ligue arabe a, de son côté, pesé bien plus lourd à l'ONU que les réserves de la Russie, de la Chine et de l'Allemagne contre l'intervention militaire.
Tout a enfin été accéléré, mi-mars, par la crainte que le dictateur libyen mette à exécution sa menace d'écraser dans le sang les insurgés de Benghazi.
Romesh Ratnesar, de la fondation New America, note ainsi que l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice, et l'ex-journaliste Samantha Power, deux des conseillères les plus écoutées de Barack Obama, sont hantées par l'échec des démocraties à avoir empêché le génocide au Rwanda en 1994.Un regret qu'elles partagent avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Les trois femmes, selon des sources citées par des médias, ont été décisives pour convaincre le président d'engager l'armée américaine en Libye.
Reste un facteur nouveau, que Romesh Ratnesar appelle "le tir de barrage constant" de l'information en continu et des réseaux sociaux.
"La vitesse à laquelle ces mouvements se sont propagés" dans le monde arabe, rappelle-t-il, "a été accélérée par l'accès des gens à l'information, à l'internet, à Twitter et à Facebook.Cela n'est pas arrivé par hasard".
Et aux Etats-Unis au moins, dit-il, cet emballement du "cycle de l'actualité" a contribué à "faire pression sur l'administration, pour qu'elle fasse quelque chose, sous peine de perdre le contrôle" des changements en cours.
Stephen Flanagan en convient: "Les gens se demandent: pourquoi la Libye, et pas la Sierra Leone?D'après moi, c'est parce qu'il y a eu beaucoup plus de reportages cette fois".
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