Le Parti de la justice et du développement (PJD) "dénonce les violations et irrégularités qu'ont connues les élections", dont "l'usage massif de l'argent", "la manipulation des procès verbaux" ou encore "les noms rayés des listes électorales ou ceux y figurant doublement", accuse le communiqué clôturant une session extraordinaire du conseil national du PJD tenue samedi à huis clos. Ces "formes de corruption électorale" ont "abouti à l'annonce de résultats qui ne reflètent pas la teneur de la cartographie politique et la libre volonté des électeurs", estime le parti islamiste modéré, qui a déploré "une régression de notre expérience démocratique". Selon le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, les opérations de vote se sont déroulées "dans des circonstances normales", hormis "des cas isolés". Au pouvoir depuis dix ans, sans jamais véritablement gouverner, le PJD s'est effondré aux législatives, passant de 125 sièges à 13 sur un total de 395. L'ampleur inattendue de la défaite s'est confirmée avec les élections locales, tenues le même jour: le parti a dégringolé de 5.021 élus à 777 aux communales et de 174 sièges à 18 aux régionales contre 174. En fin de campagne et le jour du vote, les islamistes avaient déjà fait état de "graves irrégularités", citant des achats de voix et de candidats ainsi que "la distribution obscène d'argent" à proximité de bureaux de vote. Le PJD "est à un tournant important où nous pouvons questionner nos choix (...) sans succomber à la psychologie de la défaite", a dit samedi son secrétaire général démissionnaire, Saad Eddine El Othmani, dans la réunion à huis clos. Le parti a convoqué un congrès extraordinaire "fin octobre" qui choisira une nouvelle direction après la démission collective du secrétariat général au lendemain de la débâcle électorale. "Nous sommes encore sous le choc. C'est comme si le parti était en réanimation, mais nous ambitionnons de le ressusciter", a promis une responsable du PJD, Amina Maelainine. C'est le parti libéral du Rassemblement national des indépendants (RNI), considéré comme proche du palais royal, qui a triomphé le 8 septembre, raflant 102 sièges à la Chambre des représentants. Son patron, le milliardaire Aziz Akhannouch --désigné depuis chef du gouvernement par le roi Mohammed VI--, a lancé des tractations avec les partis représentés au Parlement pour former une coalition gouvernementale, mis à part le PJD retourné dans l'opposition.
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