La ministre devait s'entretenir avec son homologue nigérien ainsi qu'avec le président nigérien Mohamed Bazoum. Cette visite, "prévue de longue date" selon le ministère des Armées, "doit permettre d'avancer sur la place du Niger dans le futur dispositif" français, en "coordination politique étroite" avec les autorités. La réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, annoncée en juin par le président Emmanuel Macron, a récemment débuté sur le terrain en vue d'aboutir à un dispositif resserré à 2.500 ou 3.000 hommes contre 5.000 aujourd'hui. Leurs missions seront recentrées sur les opérations de contre-terrorisme et l'accompagnement au combat des armées locales, en partenariat avec des Européens. Au Niger, non loin de la frontière malienne, la base aérienne projetée française de Niamey devrait prendre plus d'importance dans les mois à venir, sous réserve de l'accord du pays hôte, avec "des capacités de combat qui nous permettront d'intervenir dans toute la région", explique-t-on au ministère des Armées. Cette emprise de Niamey qui compte actuellement 700 personnels français, accueille six avions de chasse et six drones armés Repaer, sert déjà de poste de commandement avancé pour les grandes opérations lancées avec les forces locales dans la zone dite des "trois frontières", aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Cette zone des "trois frontières" est, avec le centre du Mali, la plus touchée par les attaques jihadistes au Sahel. Les morts, civils comme militaires, s'y comptent par milliers. La présence de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS), s'y est greffée sur des tensions qui existent de longue date entre communautés, dont certaines se sont constituées en groupes armés alimentant les violences. Human Rights Watch (HRW) a récemment estimé à plus de 420 le nombre de civils tués depuis le début de l'année dans l'ouest du Niger dans des attaques jihadistes qui ont contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir de chez eux. Au menu des discussions franco-nigériennes figure également la récente neutralisation au Mali par les forces françaises du chef de l'EIGS, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, dont le groupe est responsable de multiples exactions de civils nigériens. La situation politique au Mali voisin, dirigé par une junte après deux coups d'Etat successifs en un an, devrait aussi être abordée par les deux partenaires. Lors d'un sommet jeudi, la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) dont fait partie le Niger a exigé des militaires qui ont renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta le "respect strict du calendrier de la transition" vers le rétablissement d'un pouvoir civil début 2022. Or "les dirigeants maliens veulent probablement prolonger la transition en dépit des engagements pris auprès de la Cedeao", craint-on à Paris. Autre source de préoccupation: les discussions en cours entre le gouvernement malien et la sulfureuse société privée russe Wagner, accusée de mercenariat et suspectée d'appartenir à un homme d'affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine. La France et l'Allemagne ont averti qu'ils reverraient leur engagement militaire au Mali si un contrat était conclu entre la junte et Wagner pour former les forces armées maliennes et assurer la protection des dirigeants.
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