La ministre française des Armées au Mali dans un contexte tendu entre Paris et les militaires

Infos. La ministre française des Armées Florence Parly est lundi au Mali, où le gouvernement de transition dominé par les militaires envisage de s'adjoindre les services de la société paramilitaire russe Wagner, au prix de tensions avec Paris, qui réduit sa présence militaire dans le pays.

La ministre française des Armées au Mali dans un contexte tendu entre Paris et les militaires
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Bamako (AFP)

"Mon objectif est de parvenir à clarifier la position des autorités maliennes et de réitérer des messages", a expliqué Mme Parly avant de rencontrer lundi son homologue malien, le colonel Sadio Camara."On ne va pas pouvoir cohabiter avec des mercenaires", a-t-elle prévenu.

Un recours à Wagner pour former les forces armées maliennes et assurer la protection des dirigeants serait "incompatible" avec le maintien au Mali des troupes françaises, qui combattent depuis huit ans les jihadistes au Sahel, avait déjà prévenu mardi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

La sulfureuse société privée russe, soupçonnée d'appartenir à un homme d'affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine, a déjà conclu en 2018 un contrat avec la République centrafricaine, où elle est accusée d'exactions et de pillage des ressources minières et douanières.

Mais le gouvernement malien a rétorqué dimanche dans un communiqué qu'il ne permettrait "à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas".

"Il y des partenaires qui ont décidé de quitter le Mali pour se replier sur d'autres pays, il y a des zones qui sont abandonnées", avait fait valoir jeudi le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.

Les négociations entre la junte et Wagner interviennent en effet au moment où la France a entamé une réorganisation de son dispositif militaire au Sahel au profit d'un présence resserrée, centrée sur les frappes ciblées contres les chefs et cadres jihadistes et l'accompagnement des armées locales.

Les militaires français doivent quitter d'ici la fin de l'année les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord du Mali, et le nombre de troupes françaises déployées au Sahel devrait passer de plus de 5.000 hommes actuellement à "2.500 ou 3.000" d'ici 2023, selon l'état-major.

- Elections en suspens -

Outre le dossier Wagner, les autorités françaises s'inquiètent du peu d'empressement des colonels, qui ont renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, à organiser des élections pour rendre le pouvoir aux civils en février 2022.

"Les dirigeants maliens veulent probablement prolonger la transition en dépit des engagements pris auprès de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest)", craint-on à Paris.

Dimanche, Florence Parly avait débuté sa tournée sahélienne par une halte à Niamey, où elle a rencontré le président nigérien Mohamed Bazoum et son ministre de la Défense Alkassoum Indatou afin d'évoquer la transformation du dispositif militaire français.

Au Niger, la base aérienne projetée française de Niamey devrait prendre plus d'importance dans les mois à venir, sous réserve de l'accord du pays hôte, avec "des capacités de combat qui nous permettront d'intervenir dans toute la région", explique-t-on au ministère des Armées.

Cette emprise de Niamey, où sont déployés 700 militaires français, accueille actuellement 6 avions de chasse et 6 drones armés français non loin de la zone dite des "trois frontières", aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Dans cette région régulièrement touchée par les attaques contre civils et militaires, la présence de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou à l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS) s'est greffée sur des tensions qui existent de longue date entre communautés.

Dimanche, Mme Parly a tenu à rassurer sur la poursuite des efforts français au Mali et plus largement au Sahel malgré la réduction en cours des effectifs, alors que le départ américain d'Afghanistan fin août s'est soldé par le retour au pouvoir des talibans.

"La France ne s'en va pas", elle "maintiendra son engagement pour accompagner les forces armées sahéliennes", a-t-elle souligné."La situation reste précaire, nous savons que c'est un long combat".

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