Paul Rusesabagina, connu pour avoir permis le sauvetage de plus d'un millier de personnes durant le génocide de 1994 et qui possède la nationalité belge, a été reconnu coupable lundi par un tribunal de Kigali "d'avoir fondé et d'appartenir" au Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle accusé d'avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019. La cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès a estimé dans un communiqué que "M. Rusesabagina n'a pas bénéficié d'un procès juste et équitable; particulièrement en ce qui concerne les droits de la défense", et que "la présomption d'innocence n'a pas été respectée". Cette déclaration "reflète le mépris dont fait preuve le gouvernement du Royaume de Belgique envers le système judiciaire rwandais depuis le début de ce procès, malgré la contribution importante des institutions belges compétentes à l'instruction de cette affaire", ont estimé les autorités rwandaises dans un communiqué. "Pour cette raison, une réunion bilatérale prévue au niveau ministériel, en marge de l'assemblée générale des Nations unies à New York, n'aura plus lieu", concluent-elles. Paul Rusesabagina, 67 ans, a été rendu célèbre par le film "Hotel Rwanda" sorti en 2004, qui a raconté comment ce Hutu modéré a sauvé plus de 1.000 personnes réfugiées dans son établissement durant le génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, principalement des Tutsi. Il est aussi un des plus virulents opposants à Paul Kagame, et a utilisé sa notoriété hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions contre le régime. Il vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis -où il est détenteur d'une "carte verte"- et en Belgique, avant d'être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait à destination du Burundi. Les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, se sont dits "préoccupés" lundi par cette condamnation. "L'absence de garanties d'un procès juste remet en cause l'équité du verdict", a indiqué le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price. Sa famille, qui n'a cessé de clamer son innocence, a également condamné ce verdict, estimant qu'étant donné son état de santé, cela équivalait à une "condamnation à mort".
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