Dans le nord du Niger, nuit de fête nomade au son des guitares électriques

Infos. "La guitare là, c'est trop joyeux!" Oumar Alassane, le bras sur l'épaule d'un ami, est assis sur sa moto à une dizaine de mètres de la scène: il est vingt heures, ce n'est que le début d'une longue soirée de concert dans le désert nigérien.

Dans le nord du Niger, nuit de fête nomade au son des guitares électriques

Le jeune Peul arbore un large sourire. Et pour cause: avec son groupe d'amis du village, les occasions sont rares pour assister à des concerts dans cette région désertique du nord du Niger, loin des attaques jihadistes meurtrières qui frappent l'ouest et l'est du pays. Comme lui, des milliers de nomades peuls et touaregs venus de plusieurs pays du Sahel et Sahara ont participé durant trois jours, de vendredi à dimanche, à une fête du pastoralisme, la "Cure salée", qui se tient en périphérie de la vieille cité commerciale d'Ingall. En marge des activités officielles, loin de la tribune et des personnalités, une entreprise de transfert d'argent -- système largement préféré dans la région au système bancaire -- a installé sur un camion un système son et une scène. Dessus, les musiciens se succèdent et au petit soir, des stroboscopes se mettent à colorer la nuit étoilée. "Vraiment c'est bon, toute l'année on est en brousse, alors à la Cure salée, les éleveurs viennent faire la fête", explique Oumar Alassane, dix-huit ans. Un de ses amis ajoute dans la foulée, suscitant une réaction hilare du groupe: "et puis aussi, on cherche une future épouse!" Pour l'heure, ils sont une centaine groupés devant le podium. Les garçons et les filles restent en groupes séparés. Régulièrement, les uns lancent aux autres des regards en coin. Dans la société saharienne nomade, les concerts en petit comité de guitares au creux d'une dune sont préférés aux grands rassemblements. Mais lors des grands festivals, de Tamanrasset en Algérie à Bamako au Mali en passant par le Niger, l'occasion se présente pour danser au milieu des foules. Certains restent assis sur leur moto à l'écart, faisant voler le sable en démarrant. D'autres sont serrés au premier rang. Tous écoutent les riffs de guitare comme la musique du DJ et ses effets sonores dignes des meilleures boîtes de nuit des mégapoles festives d'Afrique de l'ouest. La nuit s'écoule lentement. Les jeunes dansent langoureusement, toujours le chèche sur la tête pour les garçons, un voile pudique pour les filles. Tous ont sorti les habits d'apparat ; leurs teintes, explosion de couleur en journée, se confondent désormais dans la nuit. "J'ai amené trois bazins (tissu brillant, ndlr), il y en a un que je sors que le soir", dit un jeune Peul. Pas d'alcool ici, mais du coca et quelques cigarettes vendues au milieu de la foule par des vendeurs ambulants. Au matin, comme un symbole de la longue nuit, certains ont enfourché leurs motos pour s'enfuir en brousse, loin du festival, et dormir. Ils reviendront dans l'après-midi, après la forte chaleur des coups de midi. La musique aura quant à elle continué, attirant d'autres jeunes devant le podium.

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