Cette décision survient un mois après l'annonce le 24 août par l'Algérie de la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, après des mois de tensions exacerbées entre ces deux pays rivaux du Maghreb.
Dans un communiqué, la présidence algérienne a décrété la fermeture "immédiate" de l'espace aérien algérien "à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu'aux aéronefs qui portent un numéro d'immatriculation marocain".
La décision a été prise lors d'une réunion du Haut Conseil de sécurité présidée par le chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune, également ministre de la Défense.
La fermeture a été décidée "au regard de la poursuite des provocations et pratiques hostiles du côté marocain", sur lesquelles la présidence n'a apporté aucune précision.
Les frontières aériennes de l'Algérie, fermées depuis le 17 mars en raison de l'épidémie de Covid-19, n'ont rouvert que partiellement le 1er juin vers sept pays dont le Maroc ne faisait pas partie.
- "Guerre ignoble" -
Selon une source proche de la compagnie nationale Air Algérie, il n'y a plus de vols commerciaux directs entre l'Algérie et le Maroc depuis cette date."Les vols entre les deux pays n'ont pas repris et les Algériens se rendant au Maroc transitent par Tunis."
La décision d'Alger affectera surtout dans l'immédiat les appareils marocains dont les trajets survolent le territoire algérien.
Après l'annonce de la rupture des relations, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a reproché à Rabat de "n'avoir jamais cessé de mener des actions hostiles à l'encontre de l'Algérie".
"Les services de sécurité et de la propagande marocains mènent une guerre ignoble contre l'Algérie, son peuple et ses dirigeants", a-t-il accusé, sans plus de précisions.
Le Maroc a regretté la décision algérienne de rompre les relations, la qualifiant de "complétement injustifiée", et a rejeté "les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent".
Traditionnellement difficiles, les relations entre l'Algérie et son voisin de l'ouest se sont dégradées en raison surtout de l'épineux dossier du Sahara occidental, un vaste territoire désertique dont près de 80% est sous contrôle du Maroc.
Et la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël -en contrepartie d'une reconnaissance américaine de la "souveraineté" marocaine sur le Sahara occidental- a encore avivé les tensions avec l'Algérie, soutien de la cause palestinienne, qui a dénoncé des "manoeuvres étrangères" visant à la déstabiliser.
Alger a accusé en outre le Maroc et Israël de soutenir le MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), une organisation indépendantiste, ainsi que l'organisation islamo-conservatrice Rachad, deux mouvements classés comme "terroristes" par l'Algérie et qui sont basés à l'étranger.
- "Manière civilisée" -
La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l'Algérie.
Rabat propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté alors que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU.
La rupture des relations était une décision que l'Algérie devait prendre afin d'envoyer le "message approprié" au Maroc après "des actes hostiles à la souveraineté et à l'unité de l'Algérie", a dit mardi M. Lamamra sur la chaîne CNN International.
Cette décision était "une manière civilisée de mettre un terme à une situation qui ne pouvait durer davantage sans causer de dommages et qui risquait de mener les deux pays vers une voie non souhaitable", a-t-il dit.Il s'agissait d'une situation "anormale qui devait cesser de toutes façons".
Samedi, le roi du Maroc Mohammed VI a adressé un message de "condoléances et de compassion" au président Tebboune à la suite du décès à l'âge de 84 ans de l'ex-chef d'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika, ainsi qu'à la famille du défunt.
Les liens diplomatiques avaient été rompus une première fois entre les deux pays le 7 mars 1976, à l'initiative de Rabat après qu'Alger a reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par le Front Polisario.
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