Alors qu'elle s'était gardée de critiquer son coup de force du 25 juillet, l'UGTT, co-lauréate du Prix Nobel de la paix de 2015, a mis en garde, dans un communiqué, "contre le danger d'une accumulation de tous les pouvoirs entre les mains du chef de l'Etat". Le président Saied a promulgué mercredi des dispositions exceptionnelles qui formalisent sa décision du 25 juillet de s'octroyer les pleins pouvoirs. Les mesures publiées au Journal officiel renforcent son rôle au détriment du gouvernement et du Parlement, auquel il va de facto se substituer en légiférant à travers des décrets-lois. Il sera en outre le président du conseil des ministres, reléguant le chef du gouvernement à un rôle subalterne. La centrale UGTT a dit son refus de "la poursuite permanente des mesures exceptionnelles", soulignant que la Constitution adoptée en 2014, qui instaurait un système parlementaire hybride, "est la principale référence". L'UGTT a dénoncé dans les décrets publiés au Journal officiel "l'absence de structures d'amendements constitutionnels". Des constitutionnalistes ont estimé que ce texte qui suspend plusieurs chapitres de la loi fondamentale représentait une "mini-Constitution". Pour la centrale syndicale, toute modification constitutionnelle "concerne l'ensemble des composantes de la société: les instances de l'Etat, les organisations, associations, les partis et personnalités nationales" et doit faire l'objet d'un référendum. Estimant que "le monopole" du président sur ce type d'amendements représentait "un danger pour la démocratie", l'UGTT a appelé de nouveau à "la formation rapide d'un gouvernement avec des prérogatives complètes". La centrale qui avait qualifié les décisions du 25 juillet d'"occasion historique pour rompre avec une décennie dominée par l'échec et les revers", a rejeté toute "tentative d'utiliser (ceci) comme prétexte" pour s'accaparer le pouvoir. La centrale a joué un rôle clé lors de la transition politique post-révolution de 2011, qui lui a valu le Nobel de la Paix aux côtés des trois autres protagonistes du "dialogue national": l'union patronale Utica, l'ordre des avocats et la Ligue des droits de l'Homme. Des partis politiques dont le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président Saied, ont également rejeté les mesures exceptionnelles. Certains d'entre eux ont annoncé la formation d'un "Front démocratique" pour contrer le "coup d'Etat".
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