Côte d'Ivoire: Ouattara en force, la bataille d'Abidjan en question

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ABIDJAN (AFP)

Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara ont pris un avantage écrasant sur l'armée fidèle à Laurent Gbagbo, le chef de l'Etat sortant de qui dépendaient l'issue de la crise et une éventuelle bataille d'Abidjan.

Quatre mois de tension, de violences et de médiations sans succès, et depuis lundi une offensive éclair: la crise née de la présidentielle de novembre, qui a fait plus de 460 morts selon l'ONU, s'est subitement accélérée, et le pouvoir de M. Gbagbo n'a jamais été aussi ébranlé.

Si l'éventualité d'une opération d'envergure des Forces républicaines (FRCI), regroupant essentiellement les ex-rebelles qui tiennent le nord du pays depuis 2002, avait acquis de plus en plus de consistance jusqu'à la semaine dernière, la rapidité de leur avancée a créé une immense surprise.

"Ils préparaient ça depuis trois mois", déclare à l'AFP une source militaire internationale."Mais jusque-là, ils n'étaient pas prêts politiquement", puisque l'heure était encore officiellement aux médiations africaines, "ni militairement", ajoute-t-elle.

Une fois que courant mars la voie du dialogue a paru abandonnée et que les FRCI se sont renforcées en hommes - elles compteraient à présent entre 5.000 et 10.000 combattants - et en armes, pour lesquelles le soutien du Burkina ou du Nigeria est souvent évoqué, l'offensive a été lancée.

D'ouest en est, les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo ont été mises en déroute.Et à l'exception de Duékoué, carrefour stratégique de l'ouest, et de Daloa (centre-ouest), importante ville militaire située en plein "pays bété", région natale du président sortant, elles ont offert assez peu de résistance.

"Les FDS ne combattent pas vraiment", juge un diplomate africain à Abidjan.Des cas de désertions, de redditions ou de ralliements sont aussi rapportés.

La bande sud contrôlée par le camp Gbagbo se réduisait au fil des heures, avec en particulier la chute hautement symbolique, mercredi, de la capitale politique Yamoussoukro, à moins de 200 km d'Abidjan, alors que le camp Ouattara a lancé un ultimatum.

"M.Gbagbo a encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche sur Abidjan.Et ce sera beaucoup plus compliqué pour lui", a déclaré Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.

Un proche de Laurent Gbagbo affirmait mercredi à l'AFP que Laurent Gbagbo n'était "pas ébranlé ni stressé".

Le "repli" militaire a été opéré car il s'agit de "ne pas dégarnir Abidjan", a expliqué cette source gouvernementale.

Mais l'annonce d'un discours - capital, en ces circonstances - de M. Gbagbo dans la soirée, reporté sans explication quelques heures plus tard, a renforcé l'incertitude.

Pour les observateurs, le président sortant n'avait plus d'autre choix que de se retirer ou de livrer une bataille d'Abidjan que chacun envisage et redoute.

Elle pourrait en effet être sanglante dans une métropole qui compterait à présent au moins quatre millions d'âmes après l'exode de centaines de milliers d'habitants apeurés, et où les partisans des deux rivaux sont souvent voisins.

M. Gbagbo sait pouvoir compter sur des milliers de "jeunes patriotes", ses ardents partisans qui ont tenu la rue au prix de violences, notamment contre les Français, aux heures chaudes de la crise de 2002-2004, et que son armée a commencé à incorporer.

Mais l'issue est d'autant plus incertaine que la menace est déjà au coeur de la capitale économique.

Le régime Gbagbo a perdu peu à peu, depuis la mi-février, la maîtrise d'une partie d'Abidjan: les insurgés pro-Ouattara du "commando invisible", comptant de nombreux ex-rebelles, contrôlent désormais largement les immenses quartiers d'Abobo et d'Anyama, dans le nord.

"On espère qu'il n'y aura pas de bataille d'Abidjan, dit un diplomate occidental.Ca voudrait dire qu'il n'y a plus d'autre option".

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