Le ministère public, qui avait requis contre lui la prison à perpétuité, a fait appel de l'ensemble des peines prononcées le 20 septembre contre les 21 prévenus, a précisé à l'AFP le porte-parole du parquet, Faustin Nkusi. Connu pour avoir permis le sauvetage de plus d'un millier de personnes durant le génocide de 1994, M. Rusesabagina, 67 ans, a été reconnu coupable "d'avoir fondé et d'appartenir" au Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle accusé d'avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019. Le procès s'est tenu dans des conditions dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Après avoir été arrêté dans des conditions controversées à Kigali en août 2020, ce virulent opposant à Paul Kagame était poursuivi avec 20 autres personnes, pour neuf chefs d'accusation, dont celui de "terrorisme". Paul Rusesabagina a participé à la fondation en 2017 du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé, mais il a toujours nié toute implication dans ces attaques. Ni l'accusé, qui peut faire appel, ni ses avocats n'étaient présents à la lecture du verdict. Ils ont boycotté les audiences depuis mars, dénonçant un procès "politique" rendu possible par son "enlèvement" organisé selon eux par les autorités rwandaises, ainsi que des mauvais traitements en détention. Sa famille et ses soutiens ont accusé le gouvernement rwandais de vouloir "faire taire un critique et refroidir toute dissidence future". Au moment du verdict, le principal procureur, Aimable Havugiyaremye, avait fait part de l'insatisfaction du parquet, "tous les accusés ayant été condamnés à des peines inférieures aux réquisitions". Sa famille a dénoncé ce verdict, estimant qu'étant donné son état de santé, cela équivalait à une "condamnation à mort". M. Rusesabagina a utilisé sa notoriété hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions contre le régime Kagame. Les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, se sont dits "préoccupés" par cette condamnation. Début octobre, les députés européens ont réclamé sa libération pour "raisons humanitaires" et son rapatriement vers la Belgique. Pour faire pression sur Kigali et son respect des droits humains, les eurodéputés avaient également demandé à la Commission européenne "un réexamen critique de l'aide apportée par l'Union européenne" au gouvernement et institutions rwandaises.
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