Le 24 octobre 2020, une dizaine d'hommes armés à moto avait pris d'assaut une école de Kumba, dans la région du Sud-Ouest, et ouvert le feu sur des élèves, tuant sept enfants âgés de 9 à 12 ans. Une douzaine d'autres avaient été blessés par balle ou à coup de machette. Le 7 septembre, le tribunal militaire de Buea a condamné à "la peine de mort avec fusillade sur la place publique" quatre des douze accusés de cette affaire, présentés par l'accusation comme des séparatistes anglophones, notamment pour actes de terrorisme, sécession et assassinats, selon le ministère de la Défense. Dans un communiqué, HRW a dénoncé un "simulacre de procès" n'ayant "pas abouti à la justice". Selon l'ONG, ce procès a été "marqué par des vices de procédure", notamment "le recours à un tribunal militaire pour juger des civils" qui "viole le droit international". D'après l'ONG de défense des droits humains, les avocats des accusés n'ont pas été autorisés à contre-interroger les témoins et "la procédure n'a pas été traduite", a déploré HRW. L'ONG a également critiqué la détention arbitraire des 12 accusés, dont le directeur de l'école et cinq enseignants, rapportant qu'ils "ont été initialement détenus en l'absence d'inculpation pendant plus de 30 jours". "Si les autorités ont l'intention de rendre justice pour ce crime odieux commis contre des enfants, elles doivent lancer des poursuites crédibles devant les juridictions civiles et établir les responsabilités conformément aux normes internationales de procès équitable", a renchéri Ilaria Allegrozzi, chercheuse à HRW. Contacté, le ministère de la Défense, dont dépend les tribunaux militaires, n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP. Les quatre condamnés à mort n'ont pas été exécutés et sont détenus à Buea, chef-lieu du Sud-Ouest, selon un de leurs avocats, Me Walters Atoh. "J'ai entamé les procédures d'appel. Ce qui suspend normalement l'exécution de la sentence", a-t-il expliqué à l'AFP. Plusieurs condamnations à la peine capitale ont été prononcées dans le conflit séparatiste qui ensanglante les régions anglophones depuis quatre ans mais - comme dans le reste du pays - aucune n'a été exécutée depuis plus de 20 ans. Dans les deux régions Sud-Ouest et Nord-Ouest, où vit l'essentiel de la minorité anglophone d'un pays majoritairement francophone dirigé par l'indéboulonnable Paul Biya, 88 ans dont près de 39 au pouvoir, les groupes armés séparatistes et les forces de sécurité dépêchées par Yaoundé s'affrontent dans un conflit meurtrier. Les deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU d'exactions et de crimes contre les civils.
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