Dans cette émission diffusée lundi à une heure de grande écoute par la Nouvelle chaîne ivoirienne (NCI, privée), un homme présenté par l'animateur Yves de M'Bella comme un ancien violeur, est invité à expliquer comment il violait ses victimes. Pour mieux illustrer les propos de l'ex-violeur, l'animateur, en riant, met à sa disposition un mannequin qu'il l'aide à allonger au sol et lui demande alors d'expliquer avec force détails comment il s'y prend pour abuser de sa victime. A la fin de sa "démonstration", l'ex-violeur présumé est invité par Yves de M'Bella à donner ses "conseils" à une femme pour ne pas être violée. Une fois terminée, l'émission intitulée "La télé d'ici vacances", censée dénoncer le viol, a suscité des réactions outrées sur les réseaux sociaux. "Dites moi que je rêve", écrit ainsi Priss'K, artiste ivoirienne, sur Facebook. "C'est écoeurant, inadmissible, irrespecteux, surtout envers les femmes. Un viol, c'est tellement dégradant, déshumanisant pour la victime". Lancée peu après la diffusion de l'émission, une pétition signée mardi à la mi-journée par 30.000 personnes, adressée à la Haute autorité de la communication audiovisuelle, aux ministères de la Communication et de la Jeunesse, demande que l'émission soit "carrément annulée et (que) l'équipe qui la présente avec à sa tête Yves de M'Bella soit sanctionnée". A l'heure "de la lutte contre les violences faites aux femmes", le texte déplore que "la télévision dont le rôle est d'éduquer, se fasse complice (...) en donnant la parole à un violeur". La direction de la NCI a présenté mardi ses "plus sincères excuses". Elle a exprimé dans un communiqué son "attachement au respect des droits humains et en particulier à ceux des femmes", ses "profonds regrets" et sa "solidarité avec les femmes victimes de violence et d'abus de toutes sortes". "A titre de mesures conservatoires (...) nous avons annulé toutes les rediffusions de cet épisode de +La télé d'ici vacances+ et nous avons suspendu l'animateur", indique le texte. "Nous assumons humblement la pleine responsabilité de cette faute grave et regrettable dont nous tirerons toutes conséquences". Dans une enquête réalisée auprès de 5.556 personnes publiée en juin, l'ONG ivoirienne Citoyennes pour la promotion et la défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), a recensé en deux ans dans la seule ville d'Abidjan 416 féminicides, 2.000 cas de violences faites aux femmes, dont 1.290 cas de mariage de filles de moins de 18 ans et 1.121 viols.
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