Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale dans la région le 4 novembre 2020, après des mois de tensions, pour en chasser les autorités régionales dissidentes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a exercé durant presque 30 ans le pouvoir en Ethiopie jusqu'en 2018.
Ces nouvelles frappes, éloignées de la capitale régionale Mekele, touchée à plusieurs reprises par des bombardements depuis lundi, une première dans ce conflit, pourraient marquer un élargissement de cette campagne aérienne et une nouvelle intensification des hostilités qui inquiètent la communauté internationale.
"Aujourd'hui le front ouest (de Mai Tsebri) qui servait de centre d'entraînement et de poste de commandement au groupe terroriste TPLF a été visé par une frappe aérienne", a déclaré à l'AFP une porte-parole du gouvernement, Selamawit Kassa, en référence au TPLF.
Les mêmes appareils ont ensuite détruit une installation dans la localité d'Adwa, dans le nord du Tigré cette fois, utilisée pour fabriquer des "équipements militaires" ainsi que des uniformes pour les combattants du TPLF, a indiqué par ailleurs cette porte-parole.
Aucune victime n'a été signalée dans l'immédiat.
- Vols humanitaires suspendus -
Le TPLF avait condamné les frappes précédentes, accusant l'armée éthiopienne de "viser des civils à des centaines de kilomètres du champ de bataille".
Deux d'entre elles avaient touché lundi Mekele, causant la mort de trois enfants et faisant plusieurs blessés, selon l'ONU.
Trois autres frappes ont touché la capitale régionale et une autre une cible à environ 80 km à l'ouest.
Un bombardement sur Mekele vendredi a fait onze blessés et contraint un vol d'aide de l'ONU à rebrousser chemin vers Addis Abeba, selon des médecins et des sources humanitaires.L'ONU a dans la foulée décidé de suspendre ses deux vols par semaine vers le Tigré pour ses personnels humanitaires.
Le TPLF a affirmé dans un communiqué samedi que cet incident révélait "l'intention du gouvernement de continuer à bloquer les opérations humanitaires".
Cette quatrième journée d'opérations aériennes sur Mekele coïncidait avec une intensification des combats plus au sud, dans la région de l'Amhara.
Une grande partie du nord de l'Ethiopie est soumise à un black-out des communications et l'accès des journalistes est restreint, rendant difficile une vérification indépendante des positions sur le terrain.
Au début du conflit, les forces fédérales avaient rapidement pris le contrôle de la majeure partie de la région, dont Mekele, tombée entre leurs mains fin novembre 2020.
Mais en juin, le TPLF a repris l'essentiel du Tigré puis a poursuivi son offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.L'intensification des combats a accentué une crise humanitaire qui frappe des centaines de milliers de personnes.
L'ONU continue d'alerter sur la situation humanitaire catastrophique au Tigré, estimant qu'environ 400.000 personnes sont dans une situation proche de la famine.
Le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) a souligné dans son rapport hebdomadaire jeudi soir que plusieurs organisations ont été contraintes de suspendre leur distribution de nourriture, faute de carburant, alors que les besoins sont de plus en plus urgents.
L'AFP a pu confirmer, sur la base de documents internes et d'une organisation humanitaire sur place, que la faim avait causé des décès dans plusieurs parties de la région.
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