Nigeria: quatre Etats imposent des restrictions pour enrayer la criminalité

Des groupes criminels sévissent depuis des années dans les zones rurales où ils mènent attaques, pillages et enlèvements de masse, mais les incidents ont redoublé depuis le début de l'année, suscitant de vives critiques contre les autorités incapables de ramener l'ordre. À partir de mercredi, les marchés hebdomadaires de bétail seront donc suspendus dans l'État du Niger, a annoncé le porte-parole du gouvernement local, Ahmed Matane, dans un communiqué. La vente d'essence est plafonnée et l'utilisation de jerrycans aux stations-service est interdite, a-t-il ajouté. Aucune explication n'a été fournie pour justifier ces choix, mais les criminels de la région se déplacent souvent en moto et se sont notamment spécialisés dans le vol de bétail. "Les stations-service ne devraient pas vendre d'essence pour plus de 10.000 naira (environ 17 euros) à chaque véhicule et devraient se méfier des véhicules ou des motos qui viennent pour des achats répétés", a déclaré M. Matane. Le transport de plus de deux personnes sur une moto est désormais illégal, a-t-il ajouté, et le transport de bétail par camion vers d'autres régions du pays limité. Un couvre-feu nocturne pour les moto-taxis et les petits taxis jaunes à trois roues a également été décrété dans plusieurs endroits. Les autorités ont déclaré être "conscientes des inconvénients" engendrés mais assurent que ces mesures sont nécessaires pour débarrasser l'État du "carnage et du chaos" causés par les "bandits". Des mesures similaires ont été annoncées ces derniers jours dans les États voisins de Katsina, Kaduna et Zamfara. À Kaduna, les autorités ont par ailleurs interdit la coupe d'arbres dans certains endroits, cette activité représentant l'une des sources de financement notoires des bandes criminelles. "Les citoyens sont invités à coopérer avec le gouvernement, les mesures nécessaires sont prises contre le banditisme et la criminalité dans tout l'État", a déclaré le ministre de la Sécurité de l'Etat de Kaduna, Samuel Aruwan, dans un communiqué. À Zamfara, le ministre de la Police Ayuba Elkanah a exhorté les habitants à se conformer pleinement aux directives. "Le gouvernement et les agences de sécurité tentent avec sérieux de mettre fin aux problèmes de sécurité persistants dans l'État", a-t-il déclaré. Les gangs ont établi des camps dans la forêt de Rugu, à Zamfara, d'où ils lancent régulièrement des attaques dans les États voisins. Depuis fin 2020, certains groupes se livrent de plus en plus aux enlèvements de masse, principalement d'étudiants et d'écoliers, pour obtenir des rançons en échange de leur libération.