"La décision a été prise de quitter l'emprise grillagée au sein de laquelle le convoi était positionné" pour se déployer quelques dizaines de kilomètres au sud (afin de) faire baisser la tension et d'éviter une nouvelle journée de face à face entre les manifestants, les gendarmes burkinabés et les soldats français", a expliqué le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l'état-major des armées. "La situation était assez volatile hier". Au moins quatre personnes ont été blessées samedi à Kaya, principale ville du centre-nord du Burkina Faso, où des manifestants s'opposaient depuis jeudi au passage d'un important convoi logistique de l'armée française, en transit vers le Niger voisin, selon des sources locale et hospitalière. Le convoi a quitté l'emprise sans difficulté, en pleine nuit, alors que les manifestants s'étaient dispersés. "Une fausse information a circulé selon laquelle l'armée a tiré dans la foule et blessé quatre personnes", a-t-il déploré, évoquant seulement quelques tirs en l'air et faisant valoir que seuls les gendarmes burkinabés étaient en contact direct avec les manifestants, à l'extérieur de l'enceinte. "Nous nous battons au Sahel pour lutter contre les groupes armés terroristes et assurer la sécurité de la population, pas le contraire", a martelé le porte-parole. La France, présente au Sahel depuis 2013 pour lutter contre les groupes jihadistes, a entamé une réduction de son dispositif au Sahel, prévoyant d'y réduire ses effectifs d'ici 2023 à 2.500-3.000 hommes, contre plus de 5.000 auparavant. Elle fait face à un vent de contestation quant à sa présence, en particulier au Mali et au Burkina. Au moins 49 gendarmes et quatre civils ont été tués lors d'une attaque perpétrée dimanche dernier par des jihadistes présumés contre un détachement de gendarmerie d'Inata, dans le nord du pays. "Ces manifestations sont liées d'abord au bilan de l'attaque d'Inata. Cela créé un traumatisme, il faut trouver un exutoire", a commenté un source française proche du dossier, rejetant l'idée d'un réel sentiment anti-français. Interrogé par la chaine de télévision privée LCI, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a évoqué pour sa part des manipulations. "Il y a des manipulateurs, par des réseaux sociaux, par des fausses nouvelles, par l'instrumentalisation d'une partie de la presse, qui jouent contre la France, certains parfois même inspirés par des réseaux européens, je pense à la Russie", a-t-il déclaré rappelant que cinq pays (Mali, Burkina, Niger, Tchad et Mauritanie) demandaient à la France "de les aider contre le terrorisme".
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