Tchad: la police disperse à coup de gaz lacrymogènes des manifestants anti-junte

Infos. La police tchadienne a dispersé samedi à coup de gaz lacrymogènes un rassemblement de plusieurs centaines de personnes devant le siège d'un parti d'opposition à N'Djamena, à l'appel de la société civile contre la junte au pouvoir, a constaté un journaliste de l'AFP.

Tchad: la police disperse à coup de gaz lacrymogènes des manifestants anti-junte

La manifestation de Wakit Tama, une coalition de partis d'opposition et de la société civile, avait été autorisée vendredi par les autorités, mais le pouvoir avait exigé un itinéraire différent. Le rassemblement avait été autorisé sur une avenue dans le centre de la capitale, mais cet itinéraire "est très éloigné de notre base et il est difficile" d'y "mobiliser du monde", a déclaré à l'AFP l'opposant Succès Masra, ajoutant que plusieurs personnes ont été blessées par des tirs de gaz lacrymogènes. Les manifestants, rapidement dispersés par un important dispositif policier, se sont ensuite rassemblés devant le siège des Transformateurs, le parti politique de M. Masra. "L'itinéraire n'a pas été respecté, ils se sont regroupés dans un endroit autre que celui autorisé", a déclaré à l'AFP Paul Manga, porte-parole de la police, affirmant que "douze agents des forces de l'ordre ont été blessés et douze véhicules caillassés". "Quand l'itinéraire n'est pas respecté et que les manifestants bloquent la circulation, cela crée des troubles à l'ordre public", a-t-il poursuivi. "Marcher est un droit constitutionnel et nous souhaitons manifester où nous voulons", a déclaré à l'AFP Hamza, un jeune manifestant de 29 ans, à proximité du siège des Transformateurs. "Nous avons été violemment dispersés", a affirmé Anasthasie, une manifestante de 28 ans. Dans un communiqué publié samedi, Wakit Tama a déploré "une répression barbare" avec une "vingtaine de blessés, dont certains à balles réelles". La coalition "se réserve le droit désormais de manifester sans prévenir le ministère de la Sécurité publique". Le 20 avril, en annonçant la mort du maréchal Déby qui venait d'être déclaré réélu après 30 années au pouvoir sans partage, son fils, le général Mahamat Déby, était proclamé chef de l'Etat à la tête d'un Conseil militaire de transition (CMT), composé de 14 autres généraux fidèles à son père. Le CMT avait alors aussitôt révoqué le gouvernement, dissous l'Assemblée nationale et abrogé la Constitution. La junte a promis des élections "libres et transparentes" dans un délai de 18 mois, renouvelable une fois, et la désignation rapide d'un parlement intérimaire en attendant les scrutins, le Conseil national de transition (CNT). Il a finalement été désigné le 24 septembre. Le général Déby n'a pas exclu, récemment, de prolonger la transition de 18 mois si "certaines conditions" n'étaient pas réunies.

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