Le 13 juin 2013, à 1h15, les douaniers interceptent au péage d'Arles, dans le sud de la France, un véhicule immatriculé au Portugal. Dans une boîte à chaussures, ils découvrent deux millions d'euros. Six heures plus tard, au péage de Montpellier, plus au sud, les douaniers contrôlent un autre véhicule portugais: dans un sac, entre des feuilles blanches, ils trouvent 910.000 euros, toujours en billets de 500 euros. Les transporteurs expliquent avoir été chargés d'acheminer cet argent à Monaco, où se trouve le général Bento dos Santos, dit "Kangamba", richissime homme d'affaires angolais dans le secteur du BTP, dirigeant d'un club de football et époux de la nièce de l'ex-président angolais Jose Eduardo dos Santos. L'argent serait destiné à régler ses dépenses dans un palace et au casino, à Monaco, où il se trouvait alors avec une vingtaine d'invités. Sa carte bancaire ayant dépassé le plafond autorisé et limitant les retraits à 10.000 euros, il aurait demandé que ces sommes soient transportées depuis le Portugal jusqu'à Monaco. La note d'hôtel dépassait notamment les 105.000 euros. En dépit de commissions rogatoires, au Brésil et au Portugal, les juges n'ont jamais pu établir les faits de blanchiment aggravé initialement soupçonnés, en lien avec un éventuel réseau de proxénétisme international. Et la tentative de convocation de Bento dos Santos au tribunal de Marseille, deuxième ville de France, en juin 2018, est restée vaine. Le tribunal correctionnel de Marseille a donc uniquement jugé, lundi, des faits de manquement à l'obligation de déclaration d'une somme en liquide supérieure à 10.000 euros, une infraction douanière punie d'une amende équivalente au quart de la somme non déclarée. Le couple d'agents immobiliers portugais qui transportait les deux millions d'euros s'est donc vu infliger la plus lourde amende, soit 500.000 euros. Deux des six prévenus avaient été interpellés après s'être présentés au commissariat de Montpellier, à leur recherche des transporteurs d'argent. Parmi eux, un promoteur immobilier angolais installé au Portugal et présenté comme le bras droit du général Bento dos Santos. Porteur de près de 60.000 euros dans une poche discrète de son pantalon, il reconnaissait avoir demandé l'acheminement des deux millions d'euros. Avec lui se trouvait un ami du dignitaire angolais, oeuvrant notamment dans l'industrie du diamant, aux revenus déclarés de cinq millions de dollars annuels. Celui-ci s'était dit propriétaire des 910.000 euros. Le tribunal a ordonné la restitution des trois millions d'euros saisis, l'infraction poursuivie ne permettant pas de prononcer des confiscations.
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