Une délégation de responsables nigérians doit recevoir lors d'une cérémonie hautement symbolique organisée par le Jesus College de Cambridge cette fine sculpture, connue sous le nom "d'Okukor", point culminant d'une procédure déclenchée par une manifestation d'étudiants en 2016. L'oeuvre d'art, offerte par un soldat britannique, fait partie de centaines de sculptures, gravures et bronzes pillés en 1897 dans le royaume du Bénin, qui correspond aujourd'hui au sud-ouest du Nigeria. "Je suis vraiment fière que nous soyons la première institution à aller jusqu'au bout de cet impératif moral de rendre un bronze du Bénin", a déclaré à l'AFP la directrice du collège, Sonita Alleyne. Son institution a retiré en 2016 le coq, qui décorait autrefois le réfectoire, après une campagne menée par une partie de ses étudiants contre les symboles rappelant le passé colonial britannique. Un questionnement encore renforcé dans le sillage du mouvement Black lives matter: après la mort de George Floyd, Américain noir tué par un policier blanc en mai 2020, contestations, questionnement et introspection ont essaimé au Royaume-Uni autour de son passé colonial et de sa représentation dans l'espace public. Interrogée pour savoir si la sculpture allait manquer au Jesus College, Mme Alleyne a répliqué : "Non, non. C'est tout à fait normal. Elle appartient au peuple du Nigeria". Le professeur Abba Isa Tijani, à la tête de la délégation nigériane, a expliqué être "très enthousiaste et heureux de voir que cet objet ancien, qui a été éloigné du Nigeria pendant des décennies, est en excellente forme". Directeur de la Commission nationale nigériane pour les musées et monuments, il a dit "apprécier" le geste du Jesus College, et "attendre avec impatience que d'autres musées et institutions suivent cet exemple". Abba Isa Tijani doit en effet se rendre aussi jeudi en Écosse pour recevoir un bronze béninois de l'université d'Aberdeen. D'autres institutions européennes et américaines ont annoncé leur intention de rendre plusieurs objets pillés. Ainsi, la France acte mercredi la restitution au Bénin de 26 oeuvres des trésors royaux d'Abomey, conservées jusqu'ici au musée du Quai Branly à Paris. Le British Museum en revanche, qui possède la plus grande collection de bronzes au monde, ne s'est pas engagé dans cette voie.
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