Ce "retour au bercail" de ces oeuvres emblématiques devrait être définitif le 9 novembre lorsqu'elles quitteront Paris en avion cargo.Quelques heures avant, Emmanuel Macron recevra à l'Elysée son homologue béninois Patrice Talon pour valider "formellement leur transfert de propriété", a-t-il annoncé.
Après avoir vu les 26 oeuvres d'art, réunies dans une exposition visible une semaine, Emmanuel Macron a jugé "particulièrement émouvant" de participer à "cette cérémonie d'adieu comme diraient certains, de retrouvailles" plutôt pour "ces œuvres attendues depuis longtemps" au Bénin.
C'est "une page des relations franco-béninoises qui s'ouvre aujourd'hui", a renchéri le ministre des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci, présent au musée.En se félicitant que les deux pays offrent ainsi "un modèle de coopération qui se veut exemplaire" au niveau international.
Parmi les 26 oeuvres, figurent des statues totem de l'ancien royaume d'Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d'Abomey par les troupes coloniales en 1892.
Le directeur du musée, Emmanuel Kasarhérou, a évoqué sa "grande joie" de remettre ces pièces à des "mains expertes" au Bénin, soulignant l'importance "que le patrimoine de chaque pays soit suffisamment représenté dans chaque pays".
Le chef de l'Etat français s'était engagé lors d'un discours à l'université de Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2017 à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en France.
Sur la base d'un rapport remis par les universitaires sénégalais et française Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, il avait décidé de rendre 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin.
"Qui aurait pu imaginer il y a quatre ans la restitution des pièces les plus prestigieuses, les plus belles, les plus connues du Bénin?Personne (...) C'est un événement exceptionnel", a salué Bénédicte Savoy.En notant que la France, "si longtemps sourde aux demandes de l'Afrique", devient ainsi "le premier pays du monde à restituer" des oeuvres à un pays africain.
Leur rapport avait dressé un calendrier de restitutions et un inventaire des dizaines de milliers d'objets que les colons ont ramenés d'Afrique.
Il avait été salué mais aussi critiqué par certains directeurs de musées, soucieux de la "circulation des œuvres" au "caractère universel".
- "Pas le fait du prince" -
Finalement, une loi avait été votée en décembre 2020, permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu'elles avaient fait l'objet de pillages caractérisés, rendant possible ces restitutions.
Avec la restitution au Bénin, "il n'y a pas de fait du prince, encore moins d'un président", a affirmé mercredi Emmanuel Macron, en soulignant qu'elle s'inscrivait dans sa politique de relancer les relations franco-africaines sur de nouvelles bases.
Sans entrer dans les détails, il a indiqué la nécessité de "définir une nouvelle loi" pour "établir une doctrine et des règles précises" pour que se poursuive le processus de restitutions.Même si, a-t-il précisé, "le but n'est pas de renationaliser les patrimoines" et de "se débarrasser de toutes les oeuvres" venues de l'étranger.
Deux conservateurs béninois sont en France depuis plus d'une semaine pour organiser le retour des œuvres, selon M. Kasarhérou.
Au Bénin, elles iront d'abord "dans un lieu de stockage.Puis elles seront présentées dans d'autres lieux de manière pérenne: à l'ancien fort portugais de Ouidah et la maison du gouverneur, lieux historiques de l'esclavage et de la colonisation européenne, situés sur la côte, en attendant la construction d'un nouveau musée à Abomey".
Selon des experts, 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent.Depuis 2019, outre le Bénin, six pays - Sénégal, Côte d'Ivoire, Ethiopie, Tchad, Mali, Madagascar - ont soumis des demandes de restitutions.
Au moins 90.000 objets d'art d'Afrique sub-saharienne sont dans les collections publiques françaises.70.000 d'entre elles au Quai Branly, dont 46.000 arrivées durant la période coloniale.
bur-cha-ls-jri/ib/cbn
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