"Le Mali ne peut pas se passer de la CEDEAO" - Thiambel Guimbayara (journaliste)

Infos. Le représentant spécial de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Hamidou Boly a été déclaré "persona non grata" par les autorités transitoires au Mali. "Au vu de ses agissements incompatibles avec son statut", la junte au pouvoir lui a donné 72h pour quitter le territoire national. Thiambel Guimbayara, journaliste malien et directeur de publication du quotidien "La Voix du Mali" a réagi à cette nouvelle au micro de Lilianne Nyatcha.

"Le Mali ne peut pas se passer de la CEDEAO" - Thiambel Guimbayara (journaliste)
Thiambel Guimbayara (journaliste) - Thiambel Guimbayara (journaliste)

Peut-on parler de durcissement du gouvernement malien de la transition ?

C’est le moins que l’on puisse dire. Parce que ce n’est pas courant qu’un Etat expulse un diplomate d’une organisation sous-régionale, de surcroît la CEDEAO. On peut à juste titre comprendre que le Mali hausse le ton, mais il faut aussi se poser des questions sur les causes de cet agissement.

Ce que le Mali reproche à ce diplomate est gravissime : c’est une tentative de déstabilisation. Je ne vois pas comment un diplomate peut s’inférer dans une telle aventure dans un pays en crise. Surtout quand on sait que ce diplomate est originaire du Burkina Faso voisin qui connait le même problème, qui est partenaire du Mali, partenaire de lutte contre le terrorisme, partenaire aussi de la crise sécuritaire au Sahel.

On l’accuse notamment d’avoir multiplié des rencontres avec des opposants et la société civile et d’être "allé au-delà de ses missions".

Si ce sont des rencontres pour faire l’état des lieux, quoi de plus normal pour un diplomate que de rencontrer toutes les parties d’une crise ? Et surtout pour un représentant de la CEDEAO parce que c’est cette institution, je rappelle, qui mène les discussions dans la crise au Mali. C’est elle qui a entériné l’installation des autorités transitoires. C’est devant elle qu’ils se sont engagés pour la durée du mandat de la transition. C’est donc aussi à elle de suivre et d’informer au maximum la communauté internationale.

Je crois que là où il y a une sorte de discorde entre les deux parties c’est certainement le respect du délai de cette transition.

Avec cette expulsion, les conditions d’une collaboration saine avec la CEDEAO ne sont-elles pas désormais rompues ?

C’est difficile de maintenir une bonne collaboration, dans la courtoisie quand on renvoie le représentant de l’autre partie. Je ne sais pas comment le Mali va s’y prendre, mais il renvoie le représentant de la CEDEAO, il lui donne 72 heures pour quitter son territoire et en même temps, il veut dialoguer avec cette même institution. C’est un double langage contradictoire.

Il faut maintenant que les autorités maliennes sachent ce qu’elles veulent réellement et battent leurs cartes selon ça. Car la question qu’on se pose c’est de savoir si c’était la peine d’aller jusqu’à un renvoi ? ça aurait pu être une convocation ou une mise en garde simplement. Je crois que de toutes les façons, le Mali ne peut pas se passer de la CEDEAO. Il ne peut pas se payer le privilège de faire la guerre à tout le monde.

 

Décryptage Mali

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