La Somalie accuse le Somaliland d'avoir expulsé de force des centaines de personnes

Infos. La Somalie a accusé mardi la république autoproclamée du Somaliland d'avoir expulsé de force des centaines de personnes d'une ville frontalière, suscitant la mise en garde du bureau de l'ONU pour la Coordination des affaires humanitaires sur une crise imminente.

La Somalie accuse le Somaliland d'avoir expulsé de force des centaines de personnes

Des familles en fuite ont déclaré à l'AFP que des policiers armés avaient ciblé particulièrement des habitants du sud de la Somalie, dans la ville frontalière de Las Anod, où ils ont attaqué dimanche leurs maisons, leurs commerces et leurs écoles, en leur ordonnant d'abandonner leurs affaires et de monter dans des camions pour quitter la ville sur le champ. Les autorités du Somaliland ont affirmé que cette opération avait été menée en réponse à une menace pour la sécurité. La ville de Las Anod a abrité des milliers de personnes qui ont fui les violences dans le sud-ouest de la Somalie par le passé, et des témoins ont déclaré avoir été choqués par les expulsions survenues dans la ville. "C'était une opération horrible et la police n'a montré aucun respect aux femmes et aux enfants", a déclaré Mohamed Abdiwahid à l'AFP. D'autres témoins ont déclaré n'avoir reçu aucun avertissement de la police ou bien des autorités locales et qu'ils avaient été forcés de monter dans des camions sans leurs familles. "Nous ne savons pas ce qui est en train de se passer et certains d'entre nous voyagent sans (leurs) enfants", a déclaré Ahmednur Ali, joint au téléphone. "Ils auraient pu nous dire de partir et nous laisser un peu de temps pour nous préparer, nous avons laissé tout ce pour quoi nous avons travaillé derrière nous", a déclaré à l'AFP Abdullahi Samaan, un autre homme expulsé. -Expulsions "inhumaines"- Le Premier ministre somalien Mohamed Hussein Roble a déclaré mardi qu'il était "regrettable (...) que des Somaliens qui se trouvaient sur un territoire somalien aient été renvoyés" sous prétexte "qu'ils venaient du sud" du pays. "C'est une histoire qui évolue encore et j'espère que les gens de Las Anod répondront à cela et montreront (...) que la Somalie est pour tous les Somaliens", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Le chef de l'Etat du sud-ouest de la Somalie, Abdiaziz Hassan Mohamed, a qualifié ces expulsions d'"inhumaines". "Nous appelons l'administration du Somaliland à laisser ces personnes rentrer librement avec leurs biens et leurs enfants et à ne pas les traiter de manière inhumaine comme elles le font", a-t-il déclaré aux journalistes. Mais le ministère des Affaires étrangères du Somaliland a défendu cette opération dans un communiqué, affirmant que des "rapports des services de renseignement et des consultations ont clairement indiqué que ces personnes (expulsées) mettaient en danger la sécurité de la population locale". Le bureau de l'ONU pour la Coordination des affaires humanitaires a appelé à la retenue, avertissant que cette "situation peut potentiellement attiser les tensions" et avoir des "conséquences humanitaires profondes". Le Somaliland a proclamé son indépendance de la Somalie il y a trente ans, dispose de son propre gouvernement, sa propre armée et imprime sa propre monnaie mais il n'est pas parvenu à se faire reconnaître internationalement et fait officiellement partie de la Somalie. Ancienne Somalie britannique, le Somaliland a fusionné avec l'ancienne Somalie italienne à l'indépendance du pays en 1960. Puis il a fait sécession et s'est proclamé indépendant en 1991, après la chute de l'autocrate Siad Barre qui allait plonger la Somalie dans la guerre clanique et précipiter l'effondrement de l'Etat somalien.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Facebook
Twitter
Instagram
La Somalie accuse le Somaliland d'avoir expulsé de force des centaines de personnes