Lundi, M. Abiy, arrivé au pouvoir en 2018 après une vague de manifestations antigouvernementales, a été réinvesti pour cinq ans à son poste après la victoire écrasante de son parti aux élections législatives du 21 juin. Le Premier ministre a nommé au ministère de la Défense Abraham Belay, qui occupait depuis mai le poste de chef du gouvernement régional par intérim au Tigré et qui est natif de la région. Il a par le passé travaillé avec M. Abiy au sein de l'Agence de sécurité des réseaux d'information, l'organe de cyberespionnage éthiopien, et a été ministre de l'Innovation et de la Technologie. Binalf Andualem, un ancien responsable de la région Amhara, dirige désormais le ministère de la Paix, clé dans les opérations humanitaires menées au Tigré, où des centaines de milliers de personnes sont en situation de famine selon l'ONU. Le ministre de l'Eau, chargé du dossier très sensible de mégabarrage construit par l'Ethiopie sur le Nil, à l'origine de tensions avec l'Egypte et le Soudan, a également été remplacé. Habtamu Itefa, un ancien directeur de l'eau en région Oromia, région natale de M. Abiy, y est nommé. M. Abiy s'est par ailleurs félicité que trois nouveaux membres du gouvernement viennent de partis d'opposition, affirmant sur Twitter que cette décision reflète un "engagement à l'inclusion". Le ministre des Finances et celui des Affaires étrangères restent en place, signe que le Premier ministre n'entend pas changer ses politiques économique et internationale, cette dernière étant touchée par une dégradation des relations avec les partenaires occidentaux de l'Ethiopie. Ce nouveau gouvernement a été approuvé par une majorité des votes à la Chambre basse du Parlement. Le Tigré est en proie aux combats depuis novembre, quand Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, y a envoyé l'armée éthiopienne pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux. Le conflit s'est enlisé durant plusieurs mois, avant que les combattants pro-TPLF reprennent de manière inattendue le contrôle de la région fin juin et que les troupes gouvernementales s'en retirent largement. Depuis, les combats ont gagné les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara. Le Tigré subit ce que l'ONU qualifie de blocus humanitaire de facto, alimentant les craintes d'une famine de grande ampleur à l'image de ce qu'avait vécu l'Ethiopie dans les années 1980.
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