En octobre 2015, un attentat sanglant à bord d'un avion russe à l'aéroport avait causé la mort de 224 personnes.Moscou avait en réponse décrété une interdiction de vols directs vers l'Egypte, transformant Charm el-Cheikh en "ville fantôme", assure M. Nahass.
Et lorsque Moscou a semblé envisager de nouveau la péninsule du Sinaï, ses récifs coralliens bariolés et ses clubs de vacances comme une destination sûre, la pandémie de Covid-19 s'en est mêlée.
En 2020, les revenus du tourisme - qui emploie deux millions d'Egyptiens et génère plus de 10% du PIB - ont plongé, passant de treize milliards à quatre milliards de dollars.Bien loin des prévisions optimistes à seize milliards du ministère du Tourisme.
Enfin, en août, les premiers avions chargés de touristes russes sont revenus sur les bords de la Mer Rouge, qui accueillent 65% des touristes visitant l'Egypte.
Mieux encore, "cela a encouragé d'autres pays à reprendre les voyages vers Charm el-Cheikh", assure M. Nahass, 42 ans dont vingt à vendre des souvenirs aux vacanciers.
- Emplois retrouvés -
Car le ministère du Tourisme vient également d'autoriser l'entrée sans visa des ressortissants de 28 nouveaux Etats, notamment d'Europe de l'Est, dans ce pays au tourisme en berne depuis la "révolution" de 2011 et l'instabilité politique qui a suivi.
Et la mesure porte ses fruits: en avril, l'Egypte a accueilli 500.000 touristes, soit deux fois plus qu'en janvier.
A Charm el-Cheikh, on est encore loin des "120 à 150 avions de touristes russes qui atterrissaient chaque semaine jusqu'en octobre 2015", reconnaît Abdelqader Abderrahmane, guide touristique de 30 ans.
Actuellement, une vingtaine de vols hebdomadaires arrivent de Russie.
Mais "depuis un mois et demi, des restaurants et des magasins ont rouvert, les gens ont retrouvé du travail", raconte à l'AFP cet Egyptien, en préparant une virée en quad dans les dunes du Sinaï pour un groupe de Russes.
Une nécessité, selon M. Nahass, car l'absence des touristes a forcé "des familles entières à s'en remettre à des distributions alimentaires", alors que près de 30% des 102 millions d'Egyptiens vivent sous le seuil de pauvreté.
Sirotant un thé sous une tente bédouine, Roland Jari n'en revient pas.Ce touriste hongrois de 41 ans n'avait jamais vu autant de Russes.
La dernière fois qu'il était venu à Charm el-Cheikh, il y a dix ans, cela ne l'avait pas marqué."Mais cette fois-ci, il y en a plein, beaucoup plus qu'avant", assure-t-il.
- "Magnifique !" -
Juché sur un bateau d'où il s'apprête à plonger au milieu de la faune et de la flore luxuriante de la mer Rouge, Alexeï Fulniago, 35 ans, avoue que "Charm el-Cheikh (lui) a beaucoup manqué".
Plus de cinq ans après son dernier voyage dans la région, ce Russe a sauté dans le premier avion direction le Sinaï."En Russie, on n'a pas de mers comme celle-ci, elle est absolument magnifique !" dit-il.
Sur la terre ferme, entre un étal de mangues juteuses qui font la réputation de l'Egypte et des étagères de bibelots pharaoniques, Alexeï, un autre touriste russe, se félicite d'avoir pu rejoindre Charm el-Cheikh malgré la pandémie.
"J'espère qu'il n'y aura plus d'interdiction de voyager et que les établissements touristiques resteront ouverts", dit-il à l'AFP.
Grâce au feu vert de Moscou pour la reprise des vols, M. Nahass a même retrouvé de vieux amis, comme ce "médecin russe qui venait tous les six mois".
"On l'avait surnommé Alex de Charm.On ne l'avait pas vu pendant des années, mais cet été, il est revenu !", dit-il.
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