L'accord dit d'Alger signé en 2015 par une alliance de groupes rebelles touareg et nationalistes arabes, par des groupes armés progouvernementaux et par le gouvernement malien est considéré comme crucial pour une stabilisation du pays sahélien pris dans la tourmente depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord en 2012. Son application, pilotée par un comité de suivi sous égide algérienne, demeure aléatoire. Le comité de suivi s'est réuni mardi. Après cette réunion, des groupes armés ont publié jeudi un communiqué corroucé contre le colonel major Wagué, ministre de la Réconciliation et chargé de l'accord au sein du gouvernement. Ils l'accusent d'avoir demandé "unilatéralement à la communauté internationale de ne plus (les) recevoir", dans ce communiqué publié au nom du Cadre stratégique permanent, une structure commune créée en 2021 par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rebelles) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger (communément appelée Plateforme, loyalistes). Une telle demande de la part du colonel major Wagué n'a pu être confirmée par ailleurs. "Le ministre veut semer les germes de la division entre les mouvements signataires", dit le communiqué. Les groupes armés décident de "suspendre" leurs discussions avec le gouvernement sur la mise en oeuvre de l'accord jusqu'à la désignation d'un "interlocuteur impartial", dit le texte. Ils poursuivent les discussions avec la médiation internationale, précise-t-il. Cette décision a semblé créer la division au sein des groupes armés. Dans la soirée a été publié un autre communiqué, au nom de la Plateforme cette fois, prenant ses distances avec un boycottage d'Ismaël Wagué, sans qu'apparaisse si c'est toute la Plateforme qui s'exprimait là. Les jihadistes, qui avaient d'abord combattu les forces maliennes avec les rebelles touareg et arabes avant de se retourner contre eux ne sont pas concernés par l'accord, et ont depuis étendu leurs agissements au centre du pays et au Burkina Faso et Niger voisins. La tourmente a depuis 2012 fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention de forces onusiennes, françaises et africaines. La CMA avait déjà pris des distances avec la junte mi-septembre en rejetant tout accord entre le gouvernement et le groupe russe de mercenaires Wagner, en cours de discussion.
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