Katembo Delphin alias Idengo et Muyisa Nzanzu Makasi, arrêtés en octobre pour le premier, il y a cinq mois pour le second, ont été entendus en audience publique devant le tribunal militaire de la garnison de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu (est), dans l'enceinte de la prison centrale de la ville. Idengo, 32 ans, est accusé d'outrage à l'armée, participation à une entreprise de démobilisation de l'armée, incitation à s'armer contre l'autorité de l'Etat. Muyisa, 33 ans, est poursuivi pour outrage au chef de l'État. "Je maintiens tout ce qui est dit dans mes chansons", a déclaré Idengo, t-shirt gris, jogging et souliers noirs, semblant ne rien se reprocher. "Chez nous à Beni, on tue les gens chaque jour depuis 2014, rien n'a changé", a ajouté le chanteur, connu dans la région notamment pour ses titres "Effacer le tableau" et "C'est pas normal". "Voilà la raison de mon titre, ce n'est pas normal. Les FARDC (forces armées de RDC) ne font rien pour protéger la population", a-t-il poursuivi. "En swahili on dit +Muti isiyo towa matunda il faut kuikata+, ce qui veut dire +l'arbre qui ne donne pas de fruits doit être coupé", a-t-il dit, effrayant subitement la salle par ses déclarations. "Le prévenu est passé aux aveux, on peut passer à la suite monsieur le Président", a rétorqué furieusement l'auditeur militaire de Goma, le major Aimé Umba, reprochant en particulier au prévenu le terme "couper". De son côté, la défense a fait valoir qu'Idengo était perturbé et avait besoin d'un suivi psychiatrique. "Notre client a connu des années de guerre, ses parents et proches ont été tués, c'est normal qu'il chante ainsi", ont estimé ses avocats. Muyisa a quant à lui rappelé que lorsqu'il était en campagne électorale, le président Félix Tshisekedi avait "promis de mettre fin aux massacres", mais "rien n'a changé". "Voilà pourquoi je dis que les gens qui sont au gouvernement sont des voyous, des imbéciles, qu'ils veulent seulement la gloire. Mais je n'ai pas injurié le président, je lui rappelle son travail", a-t-il estimé. Après plus de deux heures, le président du tribunal, Lazare Amsini, a suspendu l'audience, qui reprendra le 3 décembre.
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