Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara se sont repliées mercredi soir, quelques heures après avoir lancé à Abidjan un assaut contre le bunker où est retranché le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo, a rapporté un habitant à l'AFP.
"Il y a une pause dans les combats" entre irréductibles pro-Gbagbo et forces pro-Ouattara, a dit ce résident, après "plusieurs heures de tirs nourris à l'arme lourde".
"Les Forces républicaines (pro-Ouattara) sont arrivées jusqu'à 150 mètres du portail (de la résidence de M. Gbagbo) mais ne sont pas entrées", a-t-il poursuivi.Elles ont dû opérer un "retrait", a-t-il ajouté.
"L'offensive lancée par les troupes de Ouattara s'est heurtée à une très forte résistance du dernier carré de fidèles à Gbagbo", a confirmé à l'AFP une source gouvernementale française."Il y a encore des mortiers et des chars dans l'enceinte de la présidence, l'offensive est suspendue pour quelques heures, manifestement", a-t-elle indiqué.
Au lancement de l'attaque en début de matinée pourtant, l'optimisme était de rigueur: "on va sortir Laurent Gbagbo de son trou et le remettre à la disposition du président de la République", a annoncé à l'AFP Sidiki Konaté, porte-parole de Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.
Mais depuis 12H00 (locales et GMT), les tirs à l'arme lourde avaient cessé près du palais et de la résidence, plongeant ces quartiers dans un calme inhabituel, sans qu'il soit possible dans l'immédiat de dire qui avait l'avantage sur le terrain, des irréductibles pro-Gbagbo ou des éléments pro-Ouattara.
Au moins deux hélicoptères de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) avaient survolé à la mi-journée à basse altitude le quartier administratif du Plateau (centre), où se situe le palais présidentiel, après avoir survolé les environs de Cocody (nord), qui abrite la résidence.
"Les négociations qui se sont déroulées pendant des heures dans la journée d'hier (mardi) entre l'entourage de Laurent Gbagbo et les autorités ivoiriennes ont échoué devant l'intransigeance de Laurent Gbagbo", a déclaré le chef de la diplomatie française Alain Juppé.
"Elles ont été interrompues et le président Ouattara a décidé de demander à ses forces armées, aux Forces républicaines de reprendre l'offensive contre le réduit présidentiel, c'est ce qui est en cours en ce moment même à Abidjan", a-t-il expliqué.
Mais à New York, Nick Birnback, porte-parole des opérations de maintien de la paix des Nations unies a affirmé que "les négociations continuent, l'ONU offre ses bons offices autant que possible".
Les tirs à l'arme lourde avaient débuté en début de matinée au lendemain d'une journée d'intenses mais infructueuses tractations, au cours desquelles M. Gbagbo a refusé de jeter l'éponge.
Ces derniers jours, la télévision de M. Ouattara diffusait des extraits du film "La chute" retraçant les derniers instants d'Adolf Hitler, avant son suicide dans un bunker de Berlin, assiégé par les troupes soviétiques.
"Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie", a affirmé M. Gbagbo mardi à un journaliste français."Ma voix n'est pas une voix de martyr, je ne cherche pas la mort mais si la mort arrive, elle arrive".
M. Ouattara a demandé à plusieurs reprises à ses troupes de garantir "l'intégrité physique" de son rival.
L'assaut lancé par les combattants pro-Ouattara "est une tentative d'assassinat du président Gbagbo", a jugé le porte-parole de son gouvernement, Ahoua Don Mello, accusant la force française Licorne d'avoir fourni "un appui aérien et terrestre".
"Ni l'Onuci ni la force Licorne ne participent (aux) combats qui se déroulent en dehors du champ de la résolution 1975" de l'ONU, réclamant la neutralisation des armes lourdes, a déclaré Alain Juppé.
Depuis le scrutin présidentiel du 28 novembre, qui a plongé le pays le plus riche de l'Afrique de l'Ouest francophone dans une quasi-guerre civile, Laurent Gbagbo n'a jamais reconnu la victoire d'Alassane Ouattara, au terme d'un processus électoral pourtant certifié par l'ONU.
Son régime s'est écroulé, les chefs de son armée ont appelé au cessez-le-feu, les frappes de l'ONU et de la France ont détruit une grande partie de son armemement lourd, de nombreux fidèles ont fait défection, mais il a obstinément refusé de signer sa démission.
Outre la résidence et le palais, les derniers partisans de M. Gbagbo contrôlent le camp militaire d'Agban, le plus important du pays, près duquel ont été entendues aussi des fortes détonations, selon un journaliste de l'AFP.
"Il faut que la comédie cesse car le pays s'écroule", a dit le porte-parole des forces de M. Ouattara.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a annoncé de son côté qu'il voulait ouvrir une enquête sur des "massacres commis de façon systématique ou généralisée", notamment dans l'Ouest, où des centaines de personnes ont été tuées.Les troupes pro-Ouattara ont notamment été accusées.
L'ONG Action contre la faim (ACF) va acheminer entre mercredi et vendredi 24 tonnes de matériel et d'aide humanitaire dans l'ouest.L'ONG craint "une tragédie humanitaire et un risque important d'épidémie" dans cette région troublée.
A Abidjan, les habitants traumatisés par les récents combats restent pour la plupart terrés chez eux.Dans certains quartiers, les rues quasiment désertes étaient abandonnées aux pillards, l'eau et l'électricité sont coupées par endroits, les provisions de nourriture s'amenuisent.Dans d'autres un début de retour à la normale s'esquisse.
Les affrontements à l'arme lourde dans Abidjan ont fait, selon l'ONU, des dizaines de morts et la situation humanitaire est devenue "absolument dramatique", la plupart des hôpitaux ne fonctionnant plus.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.