"Nous déplorons le retour de Sophie Pétronin au Mali", a réagi le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, en confirmant ce retour, annoncé depuis la veille par plusieurs médias français.
La septuagénaire avait été enlevée en décembre 2016 à Gao, avant d'être libérée en octobre 2020.
Le secrétaire d'Etat français a dénoncé une "forme d'irresponsabilité" vis-à-vis de "sa sécurité", mais aussi, vis-à-vis "de la sécurité de nos militaires".
"Lorsque nous avons des ressortissants qui sont pris en otage à l'étranger, ce sont nos militaires qui vont les secourir au péril de leur vie.Nous avons des soldats qui ont été tués dans le cadre d'opérations pour aller secourir des otages qui avaient été faits prisonniers dans des pays étrangers", a souligné M. Attal.
"On suit cette situation et le Quai d'Orsay suit cette situation de très près", a-t-il ajouté.
En octobre 2020, sans véritable consultation avec Paris, le nouveau régime malien avait décidé de libérer plusieurs dizaines de prisonniers arrêtés pendant des opérations antijihadistes, contre quatre otages, dont la Française Sophie Pétronin.
- "Je suis chez moi ici" -
Elle avait été accueillie à sa descente d'avion par Emmanuel Macron. Mais, sitôt libérée, Mme Pétronin, qui a adopté une fillette au Mali, avait exprimé son intention d'y retourner.
"Pourquoi irresponsable ? Je suis chez moi ici", a dit Mme Pétronin au téléphone à un correspondant de l'AFP, répondant ainsi au gouvernement français.
"Oui, je suis au Mali depuis un moment.Mais je ne suis pas inquiète et je ne suis pas inquiétée", a-t-elle dit, semblant confirmer qu'elle vivait dans les faubourgs de la capitale Bamako.
"Je me porte bien.Et je suis heureuse d'être là où je suis.Je n'embête personne et personne ne m'embête", a-t-elle poursuivi.
Selon un média français d'investigation en ligne, Mediapart, l'ancienne otage, âgée de 76 ans, est retournée au Mali en mars dernier, une information que M. Attal n'a pas souhaité commenter.
Les autorités maliennes, pour leur part, n'ont pas répondu aux questions de l'AFP, qui leur demandait si Mme Pétronin était activement recherchée et si elle pourrait être reconduite à la frontière en cas d'interpellation.
"Je ne sais pas si je suis recherchée et pourquoi", a indiqué l'ex-otage française, souhaitant qu'on "laisse (ses) proches tranquilles".
En fin de semaine dernière, la direction de la gendarmerie malienne avait donné instruction à toutes les unités de "rechercher très activement" Madame Pétronin.
- Indignation -
Les gendarmes avaient reçu l'ordre de "l'appréhender et la conduire sous bonne escorte" à la direction de la gendarmerie, disait ce message interne, publié sur des réseaux sociaux et authentifié par l'AFP auprès de services compétents.
L'ambassade de France à Bamako est elle aussi restée silencieuse sur le sujet.
Les déclarations de la septuagénaire à sa libération, implorant "les bénédictions et la miséricorde d'Allah" et demandant à être appelée Mariam en vertu de sa conversion à l'islam, avait déjà surpris la classe politique française.
A l'annonce de son retour au Mali, nombre de leaders de droite comme d'extrême droite ont exprimé leur indignation.
"Ce comportement n'est pas seulement irresponsable et ingrat, il est indécent et indigne", a dénoncé la responsable d'extrême droite Marine Le Pen, sur Twitter.
"200 jihadistes ont été libérés pour sauver Mme Pétronin de sa captivité.Ces ennemis de la France ont pu reprendre les armes contre nos soldats qui exposent leur vie pour notre sécurité", a souligné la candidate à la présidentielle.
A gauche, le porte-parole du Parti socialiste Boris Vallaud n'a pas masqué son embarras: "Je dirais à tout le moins, que ça laisse circonspect, dans une forme d'incompréhension".
Depuis la libération de Sophie Pétronin, il ne reste qu'un seul otage français à l'étranger, le journaliste Olivier Dubois, enlevé début avril au Mali et aux mains d'un groupe jidahiste.
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