L'arrestation en décembre dernier de M. Opiyo, militant des droits humains internationalement reconnu et critique ouvert du gouvernement, avait été largement considérée comme une action politiquement motivée et avait suscité une condamnation mondiale. Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) avaient protesté et des rapporteurs spéciaux de l'ONU avaient dénoncé des "chefs d'accusations fictifs" et des poursuites "semblant uniquement liées au contexte électoral". La police l'avait accusé de blanchiment d'argent, en rapport avec un don de 340.000 dollars (288.000 euros) d'une organisation caritative américaine à Chapter Four, la principale organisation ougandaise de défense des libertés civiles, qu'il dirige. Mais dans une lettre datée de vendredi, Jane Abodo, procureur général du pays, a informé un juge qu'elle avait "décidé d'abandonner les poursuites contre" M. Opiyo, ce qui a entraîné lundi la fin du procès. Après des mois d'audiences au cours desquelles les avocats du gouvernement n'ont produit aucune preuve à son encontre, un juge de la Haute Cour avait ordonné vendredi à l'accusation de présenter des preuves dans un délai d'une semaine ou d'abandonner les poursuites. L'arrestation de M. Opiyo avait eu lieu un mois avant que l'Ouganda ne tienne des élections qui ont donné lieu à une campagne violente. Le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 35 ans, a été réélu pour un sixième mandat face à son principal opposant, Bobi Wine. Après son arrestation, M. Opiyo avait passé Noël en détention dans une prison de haute sécurité. Puis il avait été libéré sous caution une semaine plus tard. Chapter Four fait partie des 54 ONG dont le gouvernement ougandais a ordonné la suspension le 20 août dernier, une mesure perçue comme une volonté de resserrer son emprise sur la société civile. M. Opiyo a nié toute conduite illégale de la part de son ONG et déclaré à l'AFP que la suspension reflétait une "répression plus large" de la société civile.
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