La sanction contre Maureen Achieng, chef de mission de l'OIM en Ethiopie, confirmée dans une lettre datée de lundi et consultée par l'AFP, intervient après la récente expulsion par les autorités éthiopiennes de sept hauts responsables de l'ONU, accusés d'"ingérences dans les affaires intérieures" de l'Ethiopie. Le Tigré est le théâtre de combats depuis novembre, quand Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, y a envoyé l'armée éthiopienne pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti longtemps au pouvoir à Addis Abeba, qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux. La région subit depuis ce que l'ONU qualifie de "blocus humanitaire de facto", alimentant les craintes d'une famine de grande ampleur, à l'image de ce qu'avait vécu l'Ethiopie dans les années 1980. Ces derniers jours, plusieurs enregistrements étaient apparus sur internet, dans lesquels Mme Achieng et un autre haut responsable de l'ONU s'entretenaient longuement avec Jeff Pearce, un écrivain ayant publié plusieurs articles défendant la conduite de la guerre contre le TPLF par le gouvernement éthiopien. Dans ces enregistrements, Mme Achieng s'en prend violemment à des collègues qui "sont tombés" sur le gouvernement éthiopien lorsque la guerre a commencé et ont, selon ses dires, mis sur la touche les responsables de l'ONU sur le terrain. Elle qualifie le TPLF de "sale" et "cruel", émettant le voeu de ne jamais retourner au Tigré. Dans une récente note interne destinée à des collègues - également consultée par l'AFP -, Mme Achieng se dit "profondément perturbée et déçue" par ces enregistrements, qui ont selon elle été "subrepticement enregistrés et montés de façon sélective". Néanmoins, à plusieurs reprises durant l'entretien, les participants discutent ouvertement du fait qu'il est enregistré. Lundi, le directeur général de l'OIM, Antonio Vitorino, a dans une lettre affirmé que "les opinions attribuées dans les enregistrements audio à un membre du personnel ne correspondent pas aux principes de l'OIM et ne doivent en aucun cas être vus comme exprimant la position de l'OIM". La lettre, qui ne fait pas référence nommément à Mme Achieng, indique que la personne concernée a été "rappelée" et "placée en congé administratif" le temps d'une enquête. L'interview de Mme Achieng a violé les valeurs et le code de conduite de l'OIM, a indiqué à l'AFP Mohammed Abdiker, directeur régional de l'agence pour l'Afrique de l'Est et la Corne. "Dans toutes nos opérations nous essayons d'être impartiaux et neutres dans notre travail. Nous ne prenons pas parti dans un conflit", a-t-il ajouté, précisant que les commentaires de Mme Achieng suscitaient des inquiétudes pour les employés sur le terrain, notamment au Tigré. Cette affaire intervient sur fond de craintes d'une nouvelle offensive des troupes gouvernementales contre le TPLF à la faveur de la fin de la saison des pluies.
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