Mahamat Said Abdel Kani, 51 ans, un commandant présumé de la coalition rebelle à dominante musulmane Séléka, responsable de nombreuses violences dans le pays en 2013, est accusé d'avoir dirigé deux centres de détention pendant le conflit. La CPI, basée à La Haye, tient cette semaine des audiences pour déterminer si les 14 chefs d'accusation de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité retenus par le procureur contre M. Said doivent être confirmés, ce qui ouvrirait la voie à un procès. Les magistrats ont 60 jours pour prendre leur décision. Selon le procureur, M. Said a personnellement maltraité des personnes favorables à l'ancien président centrafricain François Bozizé, chassé du pouvoir par la Séléka. "Des personnes ont été détenues dans des conditions épouvantables sans aucun respect pour leur humanité", a déclaré le procureur général de la CPI, Karim Khan, qui faisait sa première apparition devant la Cour depuis sa prise de fonction en juin. L'accusation a montré pendant une audience la photo d'une cellule sous terre surnommée "le trou", recouverte de planches en bois et d'un bureau. "Au-dessus d'eux (les prisonniers) se trouvait M. Said, la zone au-dessus était son bureau", a indiqué M. Khan. "Littéralement debout sur leur tête, piétinant leur dignité, piétinant leurs droits, il ne peut pas plaider l'ignorance", a-t-il poursuivi. Les prisonniers étaient menottés pendant des semaines et ont été soumis à de fausses noyades et obligés de porter des cagoules remplies de poivre, selon l'accusation. M. Said a été remis en janvier par les autorités de Bangui à la CPI, sur la base d'un mandat d'arrêt délivré par l'un des juges de la juridiction en 2019. Deux anciens chefs de guerre centrafricains, Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom, qui dirigeaient des milices anti-balaka - majoritairement chrétiennes et animistes, fondées par M. Bozizé pour lutter contre la Séléka - sont actuellement jugés par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
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