Cette mesure visait à perturber la coordination entre les gangs criminels, nommés localement "bandits", qui mettent le nord-ouest et le centre du pays le plus peuplé d'Afrique à feu et à sang, où l'armée lance des offensives sur leurs camps. Le gouverneur de l'État de Zamfara, Bello Matawalle, a déclaré samedi qu'il avait reçu "des rapports encourageants sur les succès obtenus" contre les bandits qui trouvent refuge dans la forêt de Rugu, à cheval sur les États de Zamfara, Kaduna, Katsina et Niger (nord-ouest). Ordonnée par l'autorité de régulation des télécommunications du Nigeria en septembre, cette suspension a cependant perturbé le commerce et les services bancaires, obligeant les habitants de Zamfara à se rendre dans l'État voisin de Katsina pour effectuer des transactions financières et passer des appels. "C'est un énorme soulagement pour tout le monde à Zamfara, il faut faire la fête", s'est réjoui Aliyu Umar Goga, un marchand de chaussures de la ville de Tsafe. Face au mécontentement local, M. Matawalle avait annoncé rétablir début octobre les réseaux mobiles à Gusau, la capitale de l'Etat de Zamfara, pour "atténuer les difficultés rencontrées par les secteurs privé et public", selon un communiqué. Cependant, le "black-out" est resté en place dans tout l'État, s'ajoutant à une série de restrictions, notamment l'interdiction de vendre de l'essence dans des jerricans ou de déplacer du bétail au-delà des frontières de l'État, ainsi que la fermeture des marchés locaux pour couper l'approvisionnement des bandits. Beaucoup de jeunes ont perdu leur travail, eux qui gagnaient leur vie de manière informelle, en vendant notamment des cartes sim, des recharges ainsi que des accessoires téléphoniques. "La plupart d'entre eux sont au chômage depuis et le risque de basculer dans le giron des bandits augmente à mesure que la coupure se poursuit", a expliqué Lawwali Ado, un vendeur de téléphones. Depuis plusieurs mois, les bandits multiplient les attaques et les enlèvements contre rançon dans le centre et le nord-ouest, pillant et incendiant des villages. Pour certains résidents de l'Etat de Zamfara, la suspension des réseaux mobiles a donc été contre-productive. Avant, "les gens qui fuyaient leur village appelaient les autres communautés pour les prévenir de l'arrivée des bandits, leur donnant ainsi une chance de s'échapper", affirme un habitant de Gusau, Haruna Abdullahi. Mais pendant la coupure des réseaux, "les bandits attaquaient de manière imprévisible", poursuit-il. Les réseaux mobiles sont toujours coupés dans certaines parties des Etats de Katsina et Sokoto où les bandits se sont réfugiés après avoir fui les opérations militaires à Zamfara.
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