Bouba Ali Hassan, 36 ans, ministre de l'Elevage et de la Santé animale, ancien conseiller de l'actuel président Faustin Archange Touadéra, avait été arrêté le 19 novembre à son ministère sur ordre de la Cour Pénale Spéciale (CPS). Il a été exfiltré de prison quelques jours plus tard. Appelé plus fréquemment Hassan Bouba, le ministre avait été numéro 2 de l'un des plus redoutables groupes armés rebelles, l'Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), avant de rejoindre le pouvoir en 2017. Le décret "nomme à titre exceptionnel huit ministres du gouvernement au grade de Commandeur dans l'ordre du mérite national centrafricain", dont Serge Djorie, ministre de la Communication, et Hassan Bouba. La CPS n'a pas précisé pour quels faits exactement elle avait inculpé le ministre de l'Elevage. Mais en août, l'ONG américaine The Sentry, spécialisée dans la traque de l'argent de la corruption qui finance les guerres, avait affirmé au terme d'une enquête très détaillée que le chef de l'UPC, Ali Darassa, et son numéro deux de l'époque, Hassan Bouba, étaient directement responsables de l'attaque d'un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao, à 500 km à l'est de Bangui, qui s'était soldée par la mort d'au moins 112 villageois dont 19 enfants. Les accusations retenues par la CPS sont extrêmement lourdes et le présentent même comme un des auteurs présumés de massacre et tortures: "crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité par meurtres, actes inhumains" et "traitements cruels tels que la torture". La CPS est une juridiction hybride, composée de magistrats centrafricains et internationaux, chargée de juger à Bangui les violations graves des droits humains commises depuis 2003. Les autorités devraient "coordonner ses efforts avec les forces de maintien de la paix des Nations Unies pour s'assurer que le suspect accusé de crimes de guerre Hassan Bouba, qui a été remis en liberté au mépris des décisions de justice et escorté chez lui par des gendarmes centrafricains (...), soit de nouveau arrêté", a déclaré dimanche dans un communiqué l'ONG Human Rights Watch. La Centrafrique, considérée comme l'un des pays les moins développés au monde selon l'ONU, est le théâtre depuis 2013 d'une guerre civile d'abord très meurtrière mais qui a considérablement baissé d'intensité après 2018.
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