Une ordonnance de mise en liberté provisoire a été signée en sa faveur par le parquet militaire et lui a été remise à l'issue d'une audience publique qui s'est tenue à Kananga, chef-lieu du Kasaï central. Le journaliste a pu rentrer chez lui, mais le texte, consulté par l'AFP, stipule qu'il ne doit pas quitter Kananga et qu'en cas de "voyage essentiel", il doit solliciter une autorisation du ministère public. Depuis son arrestation, la justice militaire cherchait notamment à savoir comment Sosthène Kambidi était entré en possession d'une vidéo de l'exécution des experts. Il avait indiqué en audience publique qu'il la tenait d'un avocat qui lui-même disait l'avoir obtenue d'autres personnes. Sosthène Kambidi était donc en bout de chaîne, a souligné son avocat, Me Dominique Kambala, qui avait déposé plusieurs demandes de remise en liberté ces dernières semaines, en s'indignant du fait que le journaliste, entendu comme "renseignant" (témoin), puisse être détenu. Les autres personnes interrogées au procès à propos de cette vidéo, dont un vidéaste, Israël Ntumba, restent en revanche détenues, a précisé Me Kambala. "Je suis soulagé de retrouver ma famille et bientôt mes collègues de travail", a déclaré Sosthène Kambidi, "mais également triste que d'autres personnes poursuivies pour les mêmes faits restent en détention". Le journaliste a remercié les personnes et organisations intervenues en sa faveur, tout en précisant qu'il restait privé de son matériel de travail et de ses papiers et déplorant "la restriction de liberté" à laquelle il est encore soumis. Correspondant au Kasaï central de l'AFP et du site congolais d'information Actualite.cd, Sosthène Kambidi, également collaborateur occasionnel de RFI, avait été arrêté le 20 septembre à Kinshasa, puis transféré à Kananga, où se tient depuis quatre ans le procès du meurtre des experts onusiens Michael Sharp, de nationalité américaine, et Zaida Catalan, suédoise. Selon la version officielle des autorités de l'époque, ils ont été exécutés le 12 mars 2017 par des miliciens de la secte Kamuina Nsapu, alors en guerre contre l'armée régulière. Ce crime est aussi entouré de soupçons de duplicité de la part d'agents de l'État.
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