Lundi, une décision similaire a été prise à l'encontre de Maureen Achieng, cheffe de mission de l'Organisation internationale des migrations (OIM) à Addis Abeba, qui avait participé à la même interview. Le départ de Dennia Gayle, représentante du FNUAP (UNFPA selon le sigle anglais), pourrait impacter la réponse humanitaire au Tigré, après celui le mois dernier de sept haut responsables d'agences de l'ONU, expulsés pour "ingérence" par Addis Abeba. Ces derniers jours, plusieurs enregistrements sont apparus sur internet, dans lesquels Mme Achieng et Mme Gayle critiquent des collègues arrivés après le début du conflit qui oppose depuis novembre le gouvernement éthiopien au Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Mme Achieng qualifie le TPLF de "sale" et "cruel", émettant le voeu de ne jamais retourner au Tigré. Mme Gayle, de son côté, affirme notamment que certains collègues récemment arrivés ont court-circuité des responsables de l'ONU à Addis Abeba, s'adressant directement au siège. Elle se dit d'accord avec la notion, avancée par l'intervieweur, que ces actions reflètent "une guerre de pouvoir en cours au sein de l'ONU". "La représentante du FNUAP pour l'Ethiopie a été rappelée à New-York", a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole du FNUAP, disant l'organisation "vivement préoccupée". "La membre du personnel dont la voix peut être entendue dans les enregistrements a exprimé des avis et opinions personnelles, et non pas celles du FNUAP", a ajouté le porte-parole. Déclenchée il y a onze mois, la guerre au Tigré a précipité des centaines de milliers de personnes dans la famine, selon l'ONU. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a accusé de manière répétée la communauté internationale d'ignorer les abus du TPLF. Il a également rejeté les critiques de l'ONU et des Etats-Unis sur le fait que sa politique a placé de facto le Tigré dans une situation de blocus humanitaire. Tôt mardi, sur Twitter, la porte-parole d'Abiy Ahmed Billene Seyoum a qualifié de "profondément perturbante" la décision de l'ONU de rappeler Mme Achieng, pour avoir, selon elle, "dit la pure vérité sur le biais institutionnel au sein du système onusien".
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