Guinée: la société civile se presse à la rencontre du chef de la junte

Infos. Des centaines de militants guinéens des droits humains, de la promotion des femmes ou de la lutte contre la corruption ont fait la queue mercredi dans l'espoir d'exposer leurs attentes au chef des putschistes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Guinée: la société civile se presse à la rencontre du chef de la junte

Ceux qui ont pu prendre part aux rencontres avec le chef de la junte, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, étaient partagés entre satisfaction d'avoir été écoutés pour les uns, et frustration de n'avoir pu prendre la parole ou de n'avoir pas entendu grand-chose sur la défense des droits, pour les autres. Bon nombre de ceux qui se sont présentés devant le Palais du peuple, siège du Parlement dissous, ont été déçus, faute d'être admis aux séances de concertation organisées depuis mardi par la junte, avec l'objectif annoncé de recueillir les propositions pour préparer une transition censée ramener les civils au pouvoir. Mariama Satina Diallo Sy, porte-parole de la Coalition des femmes de la société civile, a pu accéder au bâtiment et la salle placés sous très haute protection militaire, et a figuré parmi les quelques-uns à pouvoir s'exprimer. "Cela s'est très bien passé (...) j'ai l'impression qu'il veut écouter toutes les forces vives de la nation avant de sortir la feuille de route qu'il faut pour diriger le pays", a dit l'ancienne ministre. La défense des droits n'a été qu'"effleurée", mais après son intervention "ils (les militaires) ne vont plus oublier les femmes", a-t-elle assuré. "Nous voulons participer à la gestion du pays et, pourquoi pas, demander le poste de Premier ministre pour une femme (...) Ce serait un signal fort que des militaires dans une transition décident de nommer une femme Premier ministre", a-t-elle dit. Les militaires qui ont renversé le président Alpha Condé le 5 septembre ont dissous le gouvernement et les institutions et aboli la Constitution. Les témoignages recueillis à l'issue des rencontres sous strict huis clos indiquent que les consultations consistent essentiellement en prises de parole de quelques intervenants sélectionnés selon des critères non précisés, et d'une courte intervention du chef de la junte pour rappeler les raisons du putsch et les principes généraux qui guideront les militaires, comme la volonté de rassemblement et de "refondation" de l'Etat. Le lieutenant-colonel Doumbouya n'a pas évoqué spécifiquement la question des droits humains ou du respect de l'Etat de droit, a dit Emmanuel Bamba, président de la Ligue guinéenne des droits de l'Homme. "Malheureusement, nous avons demandé la parole pour dire qu'il y a des défenseurs des droits de l'Homme qui voudraient exprimer leurs positions. On ne nous a pas donné la parole et j'avoue que nous sommes restés sur notre faim", a-t-il dit. "La liste (des intervenants) était certainement pré-établie, ce que nous condamnons", a-t-il ajouté.

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