Dans un rapport intitulé "Cela ne cessera que lorsque vous mourrez", rendu public jeudi, l'ONG assure que plus de 25 personnes, dont plusieurs femmes, ont été "convoquées par l'agence de sécurité nationale, spécialisée dans les affaires politiques et de terrorisme, entre 2020 et 2021". Les militants "sont à chaque fois menacés d'arrestation et de poursuite s'ils n'acceptent pas de répondre aux interrogatoires et ceux qui ne s'y présentent pas subissent des descentes à leur domicile", rapporte Amnesty. De ce fait, estime l'ONG, "beaucoup de ces personnes ont tellement peur qu'elles n'osent pas exprimer leurs opinions ni participer à des activités politiques et certaines se sont exilées". Sans avocat, ces militants ont subi "des questions intrusives sur leur vie privée ou leurs activités militantes", rapporte Amnesty, ainsi que "des violences physiques et psychologiques pouvant constituer (...) un traitement cruel, inhumain ou dégradant". Leurs téléphones et leurs comptes sur les réseaux sociaux ont également été fouillés sous la menace "qu'eux-mêmes ou leurs proches seraient emprisonnés ou torturés", ont indiqué des militants à Amnesty. Plusieurs avaient déjà été emprisonnés puis libérés, mais "la police leur a ordonné de se présenter régulièrement à l'agence de sécurité nationale (...) où ils ont été privés de liberté pendant plusieurs heures ou plusieurs jours sans motif juridique", dénonce encore l'ONG. Le détenu politique le plus connu du pays, Alaa Abdel-Fattah, avait ainsi raconté à l'AFP les sévères mesures de probation qu'il avait subi lors de courtes périodes de liberté entre deux emprisonnements. Pour Amnesty, il est impossible d'établir le nombre de victimes de ces pratiques "exercées sans décision judiciaire ni document écrit" ce qui fait que "les victimes n'ont aucun recours juridique" face à des agents de la sécurité "au-dessus du système juridique". L'ONG appelle le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à "donner instruction au ministre de l'Intérieur de mettre immédiatement fin à ce harcèlement". M. Sissi a présenté il y a quelques jours en grande pompe une "stratégie nationale pour les droits humains", s'en prenant une nouvelle fois aux ONG étrangères, les accusant de faire fi des "développements humains" enregistrés dans le pays. En mars, 31 pays avaient exhorté l'Egypte à cesser d'user de sa législation antiterroriste pour museler l'opposition et maintenir indéfiniment ses critiques en détention préventive dans un pays qui compte plus de 60.000 détenus d'opinion, selon des ONG.
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