Des montagnes de sacs poubelle, malodorants et couverts de mouche, s'amoncellent dans différents quartiers de Sfax depuis plus de 40 jours, y compris à proximité des hôpitaux, commerces et écoles.
"La situation est plus que difficile, elle est à proprement dit catastrophique", déplore auprès de l'AFP, Mohamed Boujalabane, un habitant de la deuxième agglomération de Tunisie qui compte plus d'un million d'habitants.
"Nous ne pouvons plus mener notre rythme de vie habituel, il y a des ordures partout, nous avons vraiment peur pour la santé de nos familles et de nos enfants", ajoute-t-il, un masque couvrant son visage.
Le dynamisme de la ville portuaire repose sur l'agriculture de la région, notamment sa production d'huile d'olive et d'amandes, mais aussi ses industries manufacturières et de phosphate.
Montrant derrière lui des dizaines de sacs en plastique noirs dont certains sont éventrés, le boucher Rabeh Abid, réclame, furieux, l'intervention urgente des autorités.
"A cause des odeurs et des mouches, nous ne pouvons plus rester dans nos commerces, nous nous sommes plaints auprès des municipalités (de l'agglomération) mais il n'y a aucune solution à ce jour", s'emporte-t-il.
Après la fermeture de la principale décharge de la région à Aguereb fin septembre, les municipalités "refusent de collecter les déchets tant que l'Etat n'aura pas trouvé des solutions", indique à l'AFP, Hamdi Chebâane, expert en valorisation des déchets et membre d'une coalition d'associations appelée "Tunisie Verte".
Le résultat est que "cette région vit actuellement une situation environnementale catastrophique", ajoute-t-il.
Selon des médias locaux, cette décharge a été fermée après des protestations contre le déversement de déchets chimiques sur un site, destiné uniquement aux ordures ménagères.
- Une solution provisoire ?-
Le 21 octobre, la ministre de l'Environnement, Leila Chikhaoui, qui s'était déplacée à Sfax, a proposé aux municipalités de l'agglomération la création d'autres espaces, loin des habitations pour stocker momentanément les déchets.
Mais cette solution provisoire a été rejetée par les riverains qui refusent de convertir des terrains en décharges.
Les difficultés liées au traitement des ordures sont récurrentes en Tunisie, pays peu étendu de 12 millions d'habitants, où la majorité des 2,5 millions de tonnes d'ordures collectées chaque année, sont enfouies dans des décharges, sans être traitées ni incinérées, et où une quantité infime est recyclée, selon plusieurs organisations internationales.
Depuis la Révolution de 2011, le pays s'est organisé pour tenter d'éliminer les multiples dépotoirs anarchiques, et des conseils municipaux ont été élus démocratiquement mais les villes manquent de moyens.
Et au sein du gouvernement, différents ministères sont chargés de cette question, ce qui entraîne des conflits de compétences y compris avec les autorités locales qui refusent par exemple de collecter les déchets des hôpitaux, dangereux et polluants.
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