Plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants à quitter l'Ethiopie alors que le conflit entre rebelles et forces gouvernementales dans le nord du pays connaît une escalade. Le gouvernement américain a ordonné samedi le départ de son personnel non-essentiel. Après avoir revendiqué le week-end dernier la prise des villes de Dessie et Kombolcha, les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), et leurs alliés de l'Armée de libération oromo (OLA), n'ont pas exclu de marcher sur Addis Abeba. Le gouvernement a démenti toute avancée rebelle majeure et toute menace sur la capitale. Il a toutefois déclaré l'état d'urgence et les autorités d'Addis Abeba ont demandé aux habitants de s'organiser pour défendre la ville. "Dire que la population d'Addis nous est farouchement opposée est totalement exagéré", a déclaré Getachew Reda, porte-parole du TPLF, dans une interview à l'AFP samedi soir. "Addis est un melting pot. Des gens avec toutes sortes d'intérêts y vivent. Dire qu'Addis se transformera en bain de sang si nous entrons est absolument ridicule. Je ne pense pas que cette hypothèse (...) soit crédible", a-t-il ajouté. Prendre la capitale n'est pas "un objectif", a affirmé Getachew Reda: "Nous ne sommes pas particulièrement intéressés par Addis Abeba, nous voulons nous assurer qu'Abiy ne représente plus une menace pour notre peuple". Mais si le Premier ministre ne part pas, "bien sûr" que les rebelles prendront la ville, a-t-il ajouté, tout en assurant que le TPLF ne souhaitait pas reprendre le pouvoir, qu'il a occupé durant 27 ans jusqu'en 2018. "Je peux vous assurer que cela ne nous intéresse pas", a-t-il déclaré: "Nous voulons simplement nous assurer que la voix de notre peuple est entendue, qu'il exerce son droit à l'autodétermination notamment en organisant un référendum pour décider s'il doit rester membre de l'Éthiopie ou devenir indépendant". Selon lui, les rebelles avancent vers le sud et "approchent d'Ataye", à 270 kilomètres au nord de la capitale, ainsi que vers l'est en direction de Mile, située sur la route vers Djibouti, cruciale pour l'approvisionnement d'Addis Abeba. Le TPLF a dominé les structures politiques et sécuritaires de l'Ethiopie pendant près de 30 ans, après avoir pris Addis Abeba et renversé le régime militaro-marxiste du Derg en 1991. Il a été écarté du pouvoir par Abiy Ahmed, nommé Premier ministre en 2018, et s'est replié sur son fief du Tigré. Après des mois de tensions, Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré en novembre 2020 pour destituer les autorités régionales issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires. Il a proclamé la victoire le 28 novembre. Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l'essentiel de la région puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.