M. Saied avait alors limogé le Premier ministre, suspendu le Parlement et s'était attribué le pouvoir judiciaire pour un mois renouvelable, avant de prolonger sine die ces mesures le 24 août. Il a depuis évoqué la possibilité d'amender la Constitution, adoptée en 2014 et qui a instauré un système hybride, ni présidentiel ni parlementaire, source de conflits récurrents entre les deux pouvoirs. L'Association tunisienne de défense des libertés individuelles (ADLI) a indiqué lors de la présentation d'un rapport avoir observé "plusieurs dangers menaçant la démocratie et l'Etat de droit" dans le pays. Pour l'ADLI, la suspension du Parlement --qui est "l'espace de la démocratie malgré ses défauts et faiblesses"--, le limogeage du Premier ministre et "la concentration du pouvoir exécutif entre les mains du président de la République" sont des mesures "contraires aux règles de la démocratie". La Constitution, selon le rapport, "est +appliquée+ selon les intérêts du président de la République qui l'applique ou la rejette quand il le veut". M. Saied s'est appuyé pour justifier son coup de force sur l'article 80 de la Constitution prévoyant des mesures exceptionnelles en cas de "péril imminent" à la sécurité nationale. "+La légitimité c'est moi+, c'est la situation actuelle, une légitimité incarnée par la personne du président", ajoute le rapport qui s'inquiète d'une situation "dangereuse". Pour le président d'honneur de l'ADLI, Wahid Ferchichi, "presque toutes les libertés consacrées par la Constitution ont été enfreintes ou violées", citant par exemple l'intégrité physique, la liberté d'expression ou le droit de voyager. Depuis le 25 juillet, des arrestations, des interdictions de voyage et des assignations à résidence ont visé plusieurs personnalités dans le cadre d'une "purge" anti-corruption. "On a entamé depuis le 25 juillet une période de grand trouble et d'ambiguïté", a regretté M. Ferchichi. "Il y a un recul clair et net des libertés", a estimé la militante et ex-députée Bochra Belhaj Hmida. "Il y a eu des violations que nous n'avons pas vues depuis le 14 janvier 2011", date marquant la chute du président Zine el Abidine Ben Ali. La militante Yosra Frawes, ex-présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates, a déploré de son côté un discours du président "un peu violent et hostile aux droits et libertés".
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