A trois mois de l'indépendance du Sud-Soudan, les discussions se poursuivent entre responsables du Nord et du Sud du pays pour une séparation pacifique, sans pour autant trouver d'issue probante aux nombreux sujets de tension ni dissiper les incertitudes.
"La division est une grosse erreur.Le pays n'est pas prêt pour ça", affirme Atem, un Sudiste qui vit à Khartoum.Lors du référendum de janvier, il a été l'un des rares à voter contre l'indépendance du Sud-Soudan, prévue le 9 juillet.
A moins qu'un accord ne soit trouvé, ce trentenaire va perdre son emploi dans la police en mai, quand les Sudistes employés dans le secteur public au Nord -- dont 40.000 dans la police, l'armée et les forces de sécurité -- vont commencer à être licenciés.
La plupart de ses amis et proches ont déjà quitté le Nord, à l'instar de centaines de milliers de Sudistes.Mais Atem est né au Nord, et entend y rester.
La citoyenneté représente pourtant l'un des sujets les moins difficiles des sujets discutés cette semaine entre responsables nordistes et sudistes, au même titre que la démarcation de la frontière Nord-Sud.
Les deux camps ont promis d'empêcher les expulsions forcées et les situations d'apatridie, mais la législation doit encore être clarifiée pour garantir les droits aux citoyens Soudanais, du Nord et du Sud, qui ne retourneront pas dans leur région respective.
Samedi, les deux parties doivent discuter en Ethiopie des principaux dossiers économiques: la monnaie, la dette et le partage des revenus pétroliers.
La question la plus sensible reste le devenir d'Abyei, région riche en pétrole et disputée à la lisière entre le Nord et le Sud.Et pour l'heure, chacun campe sur ses positions.
"Il n'y a aucun dossier facile à négocier", insiste Eddie Thomas, du groupe de réflexion londonien Chatham House."Concernant Abyei, les deux parties semblent être vraiment irréconciliables.C'est un outil de négociations très utile.Ce n'est pas suffisamment gros pour causer une guerre, mais suffisamment pour qu'ils se livrent bataille", poursuit-il.
"L'un des problèmes avec Abyei est peut-être qu'aucune des parties ne veut le résoudre", dit-il.
La tension est montée d'un cran depuis janvier dans cette région où les forces onusiennes de maintien de la paix craignent qu'une accumulation d'armes des armées nordiste et sudiste ne mène à une recrudescence des violences.
Un référendum était prévu début janvier pour permettre aux habitants d'Abyei de choisir entre le Nord ou le Sud, mais il a été reporté sine die.
"Les discussions semblent converger dans certaines zones, mais je doute sincèrement que tous les dossiers soient réglés avant le 9 juillet", a déclaré à l'AFP l'analyste John Ashworth du Sudan Ecumenical Forum."L'indépendance va avoir lieu et les deux parties vont trouver un modus operandi, tout en se battant farouchement pour Abyei et peut-être deux ou trois autres dossiers".
Les diplomates occidentaux s'accordent pour dire qu'en dépit de son caractère explosif, Abyei ne devrait pas faire sombrer l'ensemble du processus de négociation, en raison en particulier de la pression internationale et des récompenses promises au Nord si la sécession aboutit sans heurts.
Les Sudistes ont aussi une autre source d'inquiétude: les libertés religieuses.Le président soudanais Omar el-Béchir a plusieurs fois répété son intention de renforcer la charia dans le Nord, à majorité musulmane, après la sécession du Sud, où les chrétiens sont nombreux.
"Quand le Sud sera parti, nous craignons que nos activités ici soient fortement restreintes, et que ceux qui se sont convertis soient persécutés", déclare le Père Sylvester, doyen de la cathédrale anglicane de Khartoum.
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