"Cette oeuvre placée à l'entrée de l'université est un travail de souvenir et de mémoire pour les générations d'enseignants et d'étudiants actuelles et futures", a déclaré Mariam Sankara en inaugurant ce buste. "Mon rêve est que cette statue nous rappelle au quotidien le souvenir de la révolution menée dans notre pays par Thomas Sankara et ses camarades entre 1983 et 1987. Ce sera l'image d'un leader qui a aimé son pays et qui s'est dévoué pour sa transformation, brutalement interrompue par les ennemis du Burkina", a-t-elle ajouté. Aux étudiants de l'université Thomas Sankara, la seconde de Ouagadougou, elle a dit qu'ils avaient "la lourde tâche d'acquérir des connaissances et de les mettre au service du peuple burkinabè en particulier et africain en général". Mme Sankara, qui vit habituellement en France, est venue à Ouagadougou pour assister au procès des assassins présumés de son mari, tué lors d'un coup d'Etat le 15 octobre 1987 avec douze de ses camarades. Il était au pouvoir depuis quatre et n'avait que 37 ans. Le procès s'est ouvert lundi devant le tribunal militaire de Ouagadougou, mais a été suspendu jusqu'au 25 octobre. Douze des quatorze accusés étaient présents à l'ouverture du procès, dont le général Gilbert Diendéré, un des principaux chefs de l'armée burkinabè lors du coup d'Etat. En revanche, Blaise Compaoré, porté au pouvoir par ce putsch et qui a dirigé le Burkina pendant 27 ans, en était le grand absent: il vit en exil en Côte d'Ivoire - pays dont il a obtenu la nationalité - depuis sa chute en 2014 et n'a pas voulu se présenter à "un procès politique" devant "une juridiction d'exception", selon ses avocats. "Le devoir de mémoire nous impose la reconnaissance de l'oeuvre réalisée par cet homme exceptionnel, en quatre ans d'engagement et de sacrifice pour son pays et pour l'Afrique. Le souvenir de Thomas Sankara reste vivace", a écrit sur Twitter, le président Roch Marc Christian Kaboré. Le chef de l'Etat avait auparavant déposé dans l'après-midi une gerbe au pied de l'immense statue de Thomas Sankara, érigée en 2019 sur le site où il a été assassiné et où un mémorial a été créé. Mme Sankara n'a pas assisté à cette cérémonie: elle et sa famille étaient opposées à ce que le mémorial soit créé sur le lieu de la mort du "père de la révolution burkinabè". Le mémorial Thomas Sankara ne comprend pour l'instant que la statue, mais doit à terme abriter une tour de 87 mètres de haut - rappelant l'année de sa mort - surmontée d'un phare, une salle d'exposition, un musée et une bibliothèque. Pendant les 27 ans de règne de Blaise Compaoré, les circonstances de la mort de Sankara ont été totalement éclipsées et les cérémonies en son honneur n'ont débuté qu'après la chute de Compaoré, poussé au départ par une insurection.
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