"C'est l'armée qui nous donnera notre pain", ont-ils scandé devant le palais présidentiel de Khartoum où siègent actuellement des autorités de transition gérées conjointement par militaires et civils. "Il nous faut un gouvernement militaire, le cabinet actuel a échoué et seule l'armée peut nous apporter la justice et l'égalité", a renchérit auprès de l'AFP Abboud Ahmed, un agriculteur qui se décrit lui-même comme "pauvre". Yahya Mohieddine, venu de sa province du Nord, brandissait, lui, une pancarte réclamant "le limogeage du gouvernement" emmené, depuis la chute d'Omar el-Béchir en 2019, par le technocrate Abdallah Hamdok. Vendredi soir, près d'un mois après un coup d'Etat manqué, ce dernier a dénoncé des "divisions profondes" entre civils et militaires mais aussi au sein même de ces deux blocs. Pour lui, la transition traverse sa crise "la plus dangereuse" et la voie vers la démocratie est menacée. Signe que la hache de guerre est déterrée parmi les civils, les appels à manifester samedi contre son gouvernement ont été lancés par une faction séditieuse des Forces pour la liberté et le changement (FLC), --coalition civile de la "révolution"--, emmenée par deux anciens chefs rebelles, dont son ministre des Finances. Dès vendredi, le canal historique des FLC estimait que "la crise actuelle n'a rien à voir avec le limogeage du gouvernement" mais était le fait de certains voulant "faire revenir les partisans de l'ancien régime". Dans la capitale, quadrillée sur ses grands axes par les forces de sécurité, des pick-ups venus de différentes provinces, selon l'agence officielle Suna, ont déposé tout l'après-midi de nouvelles vagues de protestataires dont certains scandaient "Une armée, un peuple". "Il n'y a aucune stabilité et la vie est trop chère", a martelé Abboud Ahmed, 50 ans, dans un des pays les plus pauvres au monde, pris en étau entre une inflation avoisinant les 400% et une austérité décrétée par le Fonds monétaire international (FMI). Alors que pour eux, les manifestants de samedi sont des partisans de l'ancien régime mobilisés par des militaires, les partisans d'un transfert complet du pouvoir aux civils ont déjà appelé à "une manifestation d'un million de personnes" jeudi. Les nouvelles autorités, composées de militaires et de civils, sont censées mener le pays vers des élections mais ne cessent d'en reculer l'échéance, actuellement à l'horizon 2023.
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