L'homme, âgé de 35 ans, est décédé avant l'aube à Aguereb, une ville de la région de Sfax dans le centre-est du pays, a-t-on appris de source hospitalière et auprès de sa famille
Cette région connaît ces dernières semaines des mouvements de protestations contre les déchets envahissant les rues et les trottoirs, et menaçant la santé des habitants.
"Abderrazek Lacheheb a été transféré à l'hôpital d'Aguereb pour asphyxie", a affirmé à l'AFP un responsable de l'établissement.
"Il est arrivé vivant mais après des tirs massifs de gaz lacrymogènes devant l'hôpital (pour disperser des manifestants), il est mort (...).C'est la police qui l'a tué", a déclaré son cousin, Houcine Lacheheb.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui lançaient des pierres dans leur direction.
Le parquet a ouvert une enquête pour déterminer les raisons de ce décès.
Mais le porte-parole du ministère de l'Intérieur a démenti que l'homme ait été blessé par des tirs de gaz lacrymogènes."L'homme a eu un problème de santé loin des protestations, son hospitalisation et sa mort n'ont rien à voir avec ce qui s'est passé", a-t-il dit à l'AFP.
Les protestations ont repris dans la journée à Aguereb et des manifestants ont incendié un poste de la garde nationale (gendarmerie), selon le porte-parole Yasser Mesbah.
- "Intervention sauvage" -
Ces troubles interviennent dans un contexte politique tendu après le coup de force du président Kais Saied qui a invoqué en juillet un "péril imminent" pour s'arroger les pleins pouvoirs -exécutif, législatif et judiciaire.
Dans un communiqué, la puissante centrale syndicale (UGTT) a annoncé une grève générale mercredi dans les secteurs public et privé à Aguereb pour dénoncer "l'intervention sauvage des agents de sécurité".
Ce syndicat, qui entretient une relation fraîche avec M. Saied depuis son coup de force, a condamné "des affrontements sanglants opposant des forces de la sécurité lourdement armées (...) à des habitants sans défense".
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a indiqué dans un communiqué que la ville d'Aguereb "a connu une violente intervention sécuritaire lundi soir pour forcer la réouverture de la décharge de Qena".
"L'usage massif du gaz lacrymogène a causé la mort d'Abderrazek Lacheheb", a souligné cette ONG qui suit de près les mouvements sociaux en Tunisie.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des habitants fuyant des tirs de lacrymogène devant l'hôpital d'Aguereb alors que des proches d'Abderrazek Lacheheb manifestent leur colère, après sa mort.
- Conflits de compétences -
Sous la pression de la population, la principale décharge de la région de Sfax, située à Aguereb, a été fermée fin septembre.
Les municipalités de la région ont refusé par la suite de collecter les déchets, estimant que l'Etat n'a pas trouvé des solutions concrètes au problème posé par la gestion des ordures.
Lors d'une réunion lundi avec la Première ministre Najla Bouden et le ministre de l'Intérieur Taoufik Charfeddine, M. Saied a souligné l'urgence de résoudre le problème des déchets à Sfax.
Les difficultés liées au traitement des ordures sont récurrentes en Tunisie, pays peu étendu de 12 millions d'habitants.La majorité des 2,5 millions de tonnes d'ordures collectées chaque année, sont enfouies dans des décharges, sans être traitées ni incinérées, et où une quantité infime est recyclée, selon des organisations internationales
Différents ministères sont chargés de cette question, ce qui entraîne des conflits de compétences y compris avec les autorités locales qui refusent par exemple de collecter les déchets des hôpitaux, dangereux et polluants.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.