Ces arrestations font suite à l'état d'urgence décrété la semaine dernière par le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed, face au risque de voir les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et de l'Armée de libération oromo (OLA) marcher sur la capitale.
Des groupes de défense des droits humains ont dénoncé ces mesures d'urgence et accusé le gouvernement de multiplier les arrestations arbitraires sur la base de l'appartenance à l'ethnie tigréenne.Des milliers de personnes seraient ainsi détenues depuis la semaine dernière.
Seize employés étaient toujours détenus dans la soirée tandis que six autres ont été libérés, a déclaré mardi le porte-parole de l'organisation mondiale à New York, Stéphane Dujarric, affirmant n'avoir reçu "aucune explication" sur leur arrestation.
"Nous travaillons bien entendu activement avec le gouvernement éthiopien pour obtenir leur libération immédiate", a ajouté M. Dujarric.
Selon des sources humanitaires, certains des employés des Nations unies ont été arrêtés à leur domicile.
Des tensions récurrentes opposent le gouvernement d'Abiy et l'ONU.Fin septembre, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a ainsi expulsé sept hauts fonctionnaires des Nations unies pour "ingérence".
Marqué par les atrocités et la famine, le conflit opposant depuis novembre 2020 l'armée fédérale aux rebelles tigréens a fait plusieurs milliers de morts et déplacé plus de deux millions de personnes.
- "Fenêtre d'opportunité" -
Parallèlement, les efforts diplomatiques pour arrêter la guerre s'intensifiaient et le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, a appelé à la paix mardi après une visite dans le week-end à Mekele, la capitale tigréenne où il a rencontré des leaders du TPLF.
"J'implore toutes les parties d'écouter l'appel du secrétaire général de l'ONU à immédiatement arrêter les hostilités sans conditions préalables, et je réitère le soutien total" de l'ONU à l'Union africaine (UA).
L'émissaire des Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, a de son côté rencontré lundi soir l'envoyé de l'UA, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, après avoir parlé avec des dirigeants éthiopiens.
"Nous pensons qu'il y a une petite fenêtre d'ouverture pour travailler avec (Obasanjo)", a déclaré à des journalistes le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, précisant que les Etats-Unis sont aussi en contact avec les rebelles tigréens.
M. Obasanjo a lui aussi exprimé son optimisme devant le conseil de sécurité de l'UA.
"Tous les leaders ici à Addis Abeba et dans le nord sont individuellement d'accord sur le fait que les différences qui les opposent sont politiques et requièrent des solutions politiques à travers le dialogue", a-t-il dit, selon une copie de sa déclaration consultée par l'AFP.
"Ceci, donc, constitue une fenêtre d'opportunité que nous pouvons collectivement exploiter".
- "Abandonner les Ethiopiens" -
Le Premier ministre Abiy Ahmed avait envoyé l'armée en novembre 2020 au Tigré pour destituer les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
Le prix Nobel de la paix 2019 a déclaré la victoire quelques semaines plus tard, mais les combattants du TPLF ont repris en juin l'essentiel du Tigré puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.
Le TPLF a ensuite revendiqué s'être emparé de villes clés en Amhara et avoir avancé jusqu'à environ 300 km d'Addis Abeba, sans exclure de marcher sur la capitale.
Le gouvernement affirme que les rebelles exagèrent leur progression, mais il a déclaré début novembre l'état d'urgence et les autorités d'Addis Abeba ont demandé aux habitants de s'organiser pour défendre la ville.
Les communications sont coupées dans les zones de combats et l'accès des journalistes y est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante.
Plusieurs pays ont appelé leurs citoyens à quitter l'Ethiopie.
Mardi, l'ambassade britannique a appelé ses ressortissants à quitter le territoire, comme l'avaient fait les Etats-Unis vendredi.Ces derniers ont ordonné le lendemain le départ de leur personnel gouvernemental non-essentiel.
L'ONU a également suspendu les missions non-essentielles et parmi les pays africains, la Zambie a rapatrié 31 employés de son ambassade.
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