Parmi les œuvres attendues à Cotonou et qui étaient exposées au musée parisien du Quai Branly, figurent des statues totem de l'ancien royaume d'Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d'Abomey par les troupes coloniales françaises en 1892.
"Certaines de ces œuvres, fortement imprégnées du vaudou, sont sacrées" dans le pays ouest-africain où est né cette religion basée sur les forces de la nature et le culte des ancêtres, explique M. Houénoudé, également directeur de l'Institut national des métiers d'art, d'archéologie et de la culture (INMAAC) de l'université d'Abomey-Calavi.
"On ne peut pas construire en faisant table rase du passé", lâche-t-il tout en écartant la restitution systématique des œuvres : "Tous les objets n'ont pas été obtenus dans un contexte de pillage".
QUESTION: Que représentent ces œuvres au Bénin ?
REPONSE: "Ces œuvres sont des symboles de la souveraineté emportés par la France dans sa conquête coloniale.Pour le Bénin, ce sont des éléments forts de créativité qui reviennent sur le territoire.Certaines, fortement imprégnées du vaudou, sont sacrées.
Elles ne sont pas connues de tous les Béninois car elles ont été effacées de la mémoire collective mais elles sont restées dans la mémoire de la tradition.Les anciens, par exemple, les connaissent grâce aux épopées racontées par leurs grands-parents.
C'est un événement très attendu aussi bien pour les chercheurs et les étudiants que pour le grand public qui est impatient de découvrir les éléments matériels de sa civilisation."
Q: Pourquoi cette restitution est-elle importante ?
R: "Cela représente avant tout la restauration de la dignité.Les Béninois récupèrent une partie de leur patrimoine.Ce sont des éléments forts de leur histoire.Ils n'auront plus à aller les voir dans des musées étrangers mais pourront les contempler chez eux.
Cela sert également à la reconstruction de la mémoire.Ce ne sont pas seulement le peuple et les objets qui ont été spoliés, mais aussi la mémoire.Celle-ci est remplie de honte liée à la chute ou à l'échec de notre peuple.
Il y a un adage au Bénin qui dit qu'il faut construire l'avenir à partir de l'existant, qu'il faut tresser à partir de l'ancienne corde.On ne peut pas construire en faisant table rase du passé".
Q: Est-ce un nouveau point de départ, une restitution qui en appelle d'autres ?
R: "Cette restitution pose les germes d'une coopération à court, moyen et long terme avec les pays qui sont intéressés par la culture béninoise.C'est le point de départ d'un moment de circulation et de partage autour d'objets qui hélas ne se trouvaient plus sur le territoires.
Mais il faut également comprendre que tous les objets n'ont pas été obtenus dans un contexte de pillage.Certains sont le fruit d'acquisitions normales, honnêtes, sans faire partie du trafic illicite.
Cette restitution n'appelle donc pas à un repli identitaire mais ajoute à notre identité hybride".
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