Détenue depuis neuf mois, Mme Madougou, 47 ans, est notamment jugée pour "financement du terrorisme" par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Elle risque jusqu'à 20 ans de prison. L'ancienne ministre, dont la candidature à l'élection présidentielle du 11 avril avait été rejetée, avait été arrêtée en mars quelques semaines avant le scrutin qui a vu le président Patrice Talon être réélu pour un second mandat avec plus de 86% des voix. L'opposante est accusée d'avoir voulu faire assassiner des personnalités politiques pour empêcher la tenue du scrutin et "déstabiliser" le pays. "Le dossier est complétement vide et c'est un dossier monté de toutes pièces car il s'agit exclusivement d'une accusation politique", a déclaré jeudi soir à l'AFP l'un de ses avocats, Me Antoine Vey, arrivé de Paris pour assurer la défense de sa cliente au côté de ses avocats béninois. "Si le procès était équitable, il n'y a aucun doute qu'elle serait libérée et complètement acquittée", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : "Nous craignons une lourde condamnation". Peu après 07H00 GMT, Mme Madougou est arrivée dans une fourgonnette d'une administration pénitentiaire devant le tribunal où quelques-uns de ses partisans l'attendaient, certains vêtus de T-shirt blancs à son effigie: "Libérez Reckya Madougou". Moins d'une semaine avant l'élection présidentielle, un juge de la Criet avait fui le pays et dénoncé des pressions exercées par le pouvoir notamment dans l'incarcération de Mme Madougou. Ce tribunal spécial, mis en place par le pouvoir en 2016, est accusé par ses détracteurs de servir d'instrument judiciaire pour museler l'opposition. Mardi, la Criet a condamné l'opposant Joël Aïvo à 10 ans de prison notamment pour "complot contre l'autorité de l'Etat" et "blanchiment de capitaux". L'universitaire en détention depuis huit mois avait été arrêté au lendemain de la réélection du président Talon. Patrice Talon, richissime homme d'affaires ayant fait fortune dans le coton, élu une première fois en 2015, est accusé d'avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire au nom du "développement de son pays". Peu avant sa réélection, il déclarait par exemple que "la démocratie doit être au service du développement et non pas un frein". Les principales figures de l'opposition au Bénin sont pour la plupart en exil.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.