Ferdinand Ayité, le directeur de publication du bihebdomadaire l'Alternative, "est gardé à vue depuis hier pour des propos qu'il aurait tenus lors d'une émission sur une Web télévision", a déclaré à l'AFP Fabrice Pétchézi, président de l'Observatoire togolais des médias (OTM). Deux autres journalistes ayant participé à l'émission devaient également être entendus vendredi par la Brigade de recherches et d'investigations (BRI), a-t-il précisé. Selon Me Elom Kpadé, l'avocat du journaliste interrogé par l'AFP, M. Ayité est accusé d'"outrage à l'autorité", de "diffamation" et "d'incitation à la haine de l'autorité". "Il est gardé après des plaintes de deux ministres, suite à l'émission. Celui qui est chargé du dossier nous a finalement dit qu'il a été saisi par un réquisitoire du procureur", a-t-il déclaré. L'Alternative est un journal de la presse privée togolaise, critique vis-à-vis de Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé le Togo d'une main de fer pendant 38 ans. M. Gnassingbé a été réélu lors de scrutins qui ont tous été contestés par l'opposition. Contacté par l'AFP, le responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF), Arnaud Froger, a dénoncé l'arrestation "illégale" et "dangereuse" de M. Ayité, déplorant que "des journalistes soient auditionnés et détenus pour de simples critiques émises au cours d'une émission de télévision". "Ce nouvel épisode vient assombrir un peu plus le bilan du Togo en matière de liberté de la presse cette année" où "les médias et journalistes critiques sont régulièrement intimidés, menacés ou sanctionnés", a-t-il poursuivi. Dans le pays ouest-africain, les organes de presse sont régulièrement suspendus par la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) à la suite de critiques contre le gouvernement. Le journal de M. Ayité avait été suspendu en février pour quatre mois par la HAAC, dans un dossier impliquant l'actuel ministre de l'urbanisme Koffi Tsolenyanu. En mars 2020, l'Alternative avait déjà écopé de deux mois de suspension après une plainte de l'ancien ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy.
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